Générationkalach : la face cachée des cités - Le journaliste d'investigation Jérôme Pierrat s'est infiltré au cœur des quartiers sensibles marseillais où La décennie écoulée a constitué une période d’intensification de la mobilité du travail en Europe, recouvrant un large spectre d’acteurs et de phénomènes sociaux. Que révèlent-ils de l’évolution de nos sociétés européennes ? C’est tout l’enjeux auquel cet ouvrage se propose de répondre. Basé sur l’analyse comparative des migrations récentes de jeunes Polonais au Royaume-Uni et de jeunes Roumains en Espagne, l’ouvrage questionne la place de la mobilité internationale dans le changement social contemporain. La mobilité n’est pas simplement le produit d’inégalités entre pays européens. Elle est également le résultat du processus de flexibilisation de l’emploi, en particulier non qualifié, dans le contexte d’une compétition accrue pour l’accès au marché du travail. Les jeunes migrants Européens, lourdement déclassés dans les pays d’accueil, constituent alors la face cachée de ce phénomène, alors même que les formes les plus légitimées de mobilité internationale Erasmus, mobilité des cadres sont promues et encouragées. En s’appuyant sur une enquête par entretiens, l’ouvrage s’intéresse aux conséquences de la mobilité sur les trajectoires, aussi bien professionnelles que personnelles, constitutives d’une instance de socialisation particulièrement marquante l’entrée dans Ia vie adulte, et bien souvent, les premières expériences du monde du travail. Dans le contexte de la libre circulation, la possibilité d’aller et de venir peut être à la fois une chance et un piège, une opportunité et un risque, et c’est ce que nous tentons alors de comprendre. Docteur en sociologie et chercheure associée à PACTE université Grenoble-Alpes. Elle a réalisé sa thèse sous la direction d’Alain Chenu à l’Observatoire sociologique du changement Sciences Po. Elle travaille depuis sur les interactions entre mobilités et inégalités, en s’intéressant particulièrement à la manière dont celles-ci s’imbriquent dans les trajectoires personnelles. Elle a notamment participé à la conception de l’enquête Mobilités et rapport à l’espace dans le cycle de vie » pour le panel ELIPSS Étude longitudinale par Internet pour les sciences sociales. Hiersoir en prime-time, la série "Good Doctor" était diffusée sur TF1 avec, au casting, Freddie Highmore, Antonia Thomas ou encore Hill Harper. Maximilien Mathevon Original Score 2021 Génération Kalach 1 158 Chroniques du crime 2 1401 Conséquences du crime 3 830 Dronescape 4 2120 September 24, 2021 4 Songs, 46 Minutes ℗ 2021 Plaza Mayor Company Ltd More by Maximilien Mathevon
Jsuis avec Dark Training, dans la salle du temps, j'suis détère dès l'matin (fort) J'peux t'garantir avec certitude, personne va graille mon pain. Le compte est plein, le ventre est plein et j'suis même pas en Philipp Plein (waw) [Refrain] Peur de personne (gang, gang), on compte sur personne (sauvagerie)
BestimageDiam's vient de dévoiler la bande-annonce de "Salam", son documentaire co-réalisé avec Houda Benyamina et Anne Cissé. Sa grande copine Vitaa a déjà réagi et se dit "bouleversée".Au début des années 2000, Diam’s, jeune rappeuse venue de la banlieue parisienne, est l’icône de toute une génération. Avec ses mots qui cognent et son parler vrai, elle se fait le messager d’une jeunesse coincée entre les tours des cités franciliennes. Dans un monde qui ne fait pas de cadeaux aux femmes et encore moins aux jeunes issus de l’immigration, elle est celle qui brise les codes. Baskets aux pieds et chaînes en or autour du cou, la chanteuse arpente les scènes musicales avec ce style bling-bling qu’elle arbore fièrement. Aujourd’hui, Mélanie Georgiades de son vrai nom a rangé ses baggys de chanteuse générationnelle et se tient éloignée du monde artistique et des lumières du elle a mis un terme à sa carrière musicale il y a une dizaine d’années, l’ancienne star des années 2000 revient aujourd’hui avec "Salam", un documentaire qui revient sur sa carrière. Présenté au Festival de Cannes ce jeudi 26 mai, ce film qu’elle réalise elle-même est un coup de projecteur et un regard dans le rétroviseur sur les hauts et les bas qui ont jalonné sa vie jusque-là. "Des demandes nombreuses de documentaires, de biopics, de séries n’ont cessé d’affluer. J’avais comme le sentiment que l’on me demandait de donner les clefs de ma vie pour que d’autres puissent en faire un film. Un spectacle. […] J’ai été touchée que l’on s’intéresse à mon parcours mais il m’était impossible de laisser des inconnus parler à ma place… Alors j’ai repris la plume. Celle avec laquelle j’ai toujours aimé me livrer", a-t-elle film sera montré au Festival de Cannes jeudi en avant-première mondiale, avant d’être disponible en salles les 1er et 2 juin, mais aussi sur la plateforme de streaming BrutX. Mais certains ont déjà pu voir le documentaire en avant-première comme la chanteuse Vitaa. Dans une story partagée sur son compte Instagram, la grande copine de Diam’s a livré son premier ressenti "Ce soir, j’ai eu l’immense privilège de voir le documentaire de ma sœur Diam’s et je ne saurais retranscrire avec des mots ce que j’ai ressenti tellement j’ai été bouleversée". voir aussi Diam's son gros coup de gueule !à lire aussi Accusé de viol, l’apparition d’Ary Abittan dans un documentaire scandalise Diam's absente du Festival de Cannes ce retournement de situations inattendu pour son documentaire En vidéoSur le même thème Ces stars dont on parle En voir plus
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Télécharger le fichier Download Report Transcript Télécharger le fichier série TV Serge ALAin nOA VA en CrOiSADe COntre L'éMigrAtiOn P 3 Troisième année - n°042 - Juin 2014 - rec 44/RDOP/F36/SAAJP - bp 30332 - yaoundé - tél +237 73 26 88 87 / 96 46 58 17 - Mail [email protected] Directeur de la publication Joseph Fumtim Mensuel Extra Avec le soutien de Le supplément de l’art et de la culture dans l’espace public Arts et culture du Cameroun 400 Fcfa DAK’ART 2014 L’art africain en questions PatriMoine 11 à 16 La 11è édition de la Biennale africaine a donné lieu à des expositions d'oeuvres novatrices ancrées dans l'art conceptuel venu d'Occident. Soulevant l'ire de certains puristes. Reportages analyses et interviews de nos envoyés spéciaux. Pages cinéMa On a retrouvé le Véronique Kanor parle sculpteur de l'univer- des liens entre les sité de Yaoundé Caraïbes et l'Afrique P7 Pages © DR A découvrir... P2 12,13,14,15 Musique Kareyce Fostso en communion avec Yaoundé et Douala Mosaïques est réalisé en association avec la P4 2 cinéma mosAïques Documentaires Le rêve indépendantiste de Césaire et Manville U ne belle paire de documentaires pour montrer au monde les combattants d’une Martinique Libre. Et même d’une Afrique libre. Car Marcel Manville, avocat martiniquais de renommée internationale, n’a pas seulement combattu pour ses compatriotes. Il s’est donné avec le même engagement à défendre les droits des peuples algérien, d’Afrique noire, d’Amérique du Sud à disposer d’eux-mêmes. Cet homme qui force l’admiration, le public camerounais a le loisir de mieux le connaître dimanche 25 mai à l’IFC de yaoundé. Véronique Kanor, la réalisatrice de Marcel Manville, d’homme à hommes 2012 est également venue avec un autre documentaire qu’elle coréalise avec sa sœur Fabienne Kanor retour au Cahier 2013. L’IFC, dans sa programmation de mai mois dédié à l’abolition de l’esclava- ge, a trouvé propice de donner carte blanche à Véronique Kanor», qui dans ses différents rendez-vous avec le public, a voulu partager ces productions. Les personnages principaux des deux documentaires ont en commun la chose indépendantiste. Chacun combattant avec les armes qui lui sont propres. Sans prétendre parler en entier des deux sujets, la réalisatrice se focalise surtout sur leur lutte pour la liberté des peuples d’outre-mer. Dès les premières images, les premiers mots de Marcel Manville…, le ton est donné. L’histoire conduit le spectateur en Algérie où l’avocat s’y rend régulièrement pour défendre les militants du FLN emprisonnés ; ou encore les anciens combattants aux côtés des Français mais dont aucune promesse d’après-guerre ne fut tenue. La caméra capte les instants réels de révélations émouvantes d’hommes et femmes témoins de l’histoire. Le tournage se déroule également à Paris où Marcel Manville se rend en 1945. Il y va pour décrocher son diplôme d’avocat, mais défend aussi des ouvriers français dans un procès sur l’aliénation de leurs droits. En Martinique où il s’installe définitivement, il réalise que son peuple a encore plus besoin d’autonomie. Sans prendre beaucoup de risques sur le plan technique, les deux documentaires ne se content cependant pas de façon linéaire. Le commentaire intelligent de Fabienne Kanor dans retour au Cahier notamment, accompagne les plans fixes et larges que donne à voir la prise de vue. Des images qui véhiculent aussi l’âme culturelle d’une Martinique finalement pleine de ressources. Avec Retour au Cahier, les deux sœurs Véronique Kanor Pourquoi venir projeter vos deux films au cameroun ? Je pense que l’histoire de la Martinique et celle de l’Afrique en général sont forcément liées. Historiquement, nous sommes un bout de terre de l’Afrique qui a été craché dans la Caraïbe. Nous nous appelons Martinique, Guyane, Guadeloupe, Réunion, mais notre vrai nom c’est Afrique. Et pour nous c’était très important et très fort de ramener ces bouts de terre au pays, au continent natal. Le Cameroun, c’est pas une terre neutre, il y a eu aussi de la déportation d’esclaves de Bimbia, ils sont surtout du côté de l’Amérique. Donc, montrer ces films sur une terre où des hommes ont été déracinés ça a du sens. Montrer aux Camerounais qu’on est toujours là, et on vous regarde toujours, on vous attend toujours et on vous aime encore. Est-ce que notre place est restée dans l’album de famille ? C’est aussi une question que l’on pose. L’indépendance voulue par césaire et Manville ne s’est pas vraiment matériali- © DR En Martinique, l’indépendance n’est qu’un fantasme sée. c’est aussi ce vous essayez de souligner dans vos films ? Effectivement cette indépendance ce n’est qu’une idée, un fantasme. Il y a un groupe d’hommes en Martinique qui tient cette idée-là très fort dans la main, mais le peuple ne veut pas de l’indépendance. Le peuple a peur de la pauvreté, de la misère. Il a un exemple très proche de cette misère, qui s’appelle Haïti. Et quand le peuple le regarde, il dit je ne veux pas être comme Haïti». Ils ont vraiment peur que l’indépendance provoque une situation de paupérisation de l’île. Du coup, ils veulent bien de l’indépendance en soi comme une idée, un idéal, comme le soleil qu’on regarde mais qu’on ne pourra jamais toucher. Mais quand on leur demande tenez, prenez-le le soleil !», ils ont peur de se brûler la main. Au dernier référendum en 2010, presque 90% de Martiniquais ont dit non à l’autonomie. C’était avoir un petit peu de compétence, décider d’un peu plus de choses par soi-même sans sortir du giron de la France. Ils ont dit non, nous ne voulons pas plus d’autonomie, nous voulons être des Français pas moins, mais Graffer toujours plus haut L’étudiant voyage à travers le Cameroun pour faire connaître cette forme d’expression artistique. I l a l’ambition de ses 24 ans et les rêves plein dans la tête. Etudiant en master arts plastiques, Tally Mbock ne vit que pour sa passion, la peinture et surtout le graffiti. Un art qui consiste à dessiner des personnages et des lettrages à l’aide des bombes de peinture sur des murs et d’autres supports. Pourtant, rien ne le prédisposait à cela. Ses parents sont de braves travailleurs qui souhaitent voir leur rejeton faire des études scientifiques. Mais au lycée d’Oyack et au collège Ebanda qu’il fréquente successivement, le petit Mbock a un talent qui suscite l’admiration ses camarades, celui de dessinateur. Il dessine tout et sur tout. Ses parents pédagogues l’inscrivent donc à l’Institut de formation artistique de Mbamayo où il réalisatrices vont à la recherche des motivations et du parcours de cet ouvrage qualifié de l’œuvre d’un nègre la plus lue, la plus traduite et la plus commentée dans le monde». Le film a ceci de sympathique qu’il rend le spectateur presque complice de la conception de ce livre légendaire Cahier d’un retour au pays natal. Cette espèce de Read movie vous conduit forcément en Croatie où le linguiste Petar Guberina donna un petit cahier à son ami et camarade Aimé Césaire qui voulait consigner des notes. Ainsi sont lancées les semences du Cahier d’un retour au pays natal ; provoqué par un sursaut indépendantiste. Elles vont germer pour produire en 1939 la première version du tapuscrit envoyé à la revue Volonté. En revenant sur le rêve que ces grands hommes nourrissaient pour leur peuple, Véronique Kanor veut surtout porter à la face du monde la solitude d’une Martinique qui se débat. Cherchant ses parents. Cherchant son avenir. PéLagiE ng’onana pas plus». C’est ce qu’on s’employait à démontrer, ma sœur et moi puisqu’on a réalisé Retour au cahier ensemble. A chaque fois en tout cas, on montre cette réalité le rêve des grands hommes et le désir du peuple, c’est pas la même chose. Dans retour au cahier, pourquoi cette image de fin d’un tissu multicolore ? Elle a été prise sur un bateau qui relie la Guadeloupe à la Martinique. C’est une femme qui est debout, il y a le vent dans sa jupe. C’est un tissu un peu bariolé un peu africain et avec le mouvement du vent, la vitesse du bateau, ça fait une impression très bizarre ; c’était simplement pour ne pas oublier que le Cahier c’est du surréalisme. Et cette image est surréaliste. Voilà, on ne sait pas exactement ce qui se passe, on entend le texte de Césaire, on colle une image où on sait bien que toute image de bateau, de mer, de vent… ça fait penser à la liberté, à l’ailleurs. Je trouve aussi qu’il y a une parole forte d’Aimé Césaire qui dit Debout et libres, debout à la barre, debout sur le pont, on sort des calles et on va sur le pont» et cette image de fin est filmée à l’extérieur des calles. ProPos rECuEiLLis Par Pn manque pas d’idées. En 2012, il monte un projet d’atelier de formation artistique à Bafoussam pour les enfants et les adolescents. Le projet est soutenu par des sponsors qui lui offrent des moyens logistiques salles, matériels de peinture, etc.. L’année dernière, il a, avec d’autres camarades, réalisé une peinture murale décorative sur le complexe scolaire St Paul de Mbandjock. Il a aussi pris part au projet Fô picotures» à Dschang. Ses amis et lui ont décore un pan du mur du royaume Fontsa-Touala. Tous ces projets et voyages à travers le Cameroun ne lui rapportent pas encore d’argent. Juste de quoi ne pas trop dépendre des parents. Mais Tally Mbock ne se fait pas de soucis, il est de ceux qui pensent qu’on peut vivre de l’art au Cameroun. C’est pourquoi avec ses inséparables amis, il a monté un label pour la gestion et l’animation des projets artistiques. Pour que vive l’art. ELsa KanE © DR Tally Mbock obtient son bac. En deuxième année à l’université, il découvre les graffitis à la télé. Et se prend tout de suite de passion pour cette forme artistique qui consiste à consiste à dessiner des personnages et des lettrages à l’aide des bombes de peinture sur des murs et d’autres supports. Le graffiti est un art de la rue, récent et peu développé au Cameroun. Il est apparu pour la première fois aux Etats-Unis vers 1970 et est lié à la culture hip-hop dont il est une des formes. En janvier 2013 Tally Mbock participe au projet Rue de l’art» initié par l’association Cultures tous Azimuts. Ses travaux sont visibles à côté de ceux de 15 plasticiens et bédéistes. Soutenu par l’Institut français du Cameroun de yaoundé, ledit projet a transformé une rue piétonne du boulevard du 20 mai en galerie d’art à ciel ouvert. Le projet sera validé par le délégué auprès de la Communauté urbaine de yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna. J’ai aussi travaillé à Foumban sur le mur du marché, à la demande du maire de la ville. Le graffiti permet d’embellir les murs froids d’une ville», dit-ill. Toujours prêt à partir au bout du Cameroun, l’artiste ne - nº 042 - Juin 2014 - nº 042 - Juin 2014 © DR mosAïques cinéma 3 Voir mbeng’’ et mourir L’Europe n’est pas le paradis La série Harraga, brûleurs de frontières», écrite et réalisée par serge alain noa sur l’immigration illégale, est diffusée depuis mai 2014 sur Tv5 afrique. Elle dresse le portrait de cinq jeunes Camerounais désespérés, prêts à tout pour aller tenter leur chance en Europe. Mais le chemin pour y arriver est long et périlleux. L ’immigration clandestine. Le sujet a inspiré nombre de longs métrages en Afrique, au rang desquels Bako, l’autre rive» de Jacques Champreux France, 1h50, 1979, Heremakono, en attendant le bonheur» d’Abderrahmane Sissoko Mauritanie, 1h30, 2002, Paris à tout prix» de Joséphine Ndagnou Cameroun, 2h13, 2007, La Pirogue» de Moussa Touré Sénégal, 1h27, 2012. Le Camerounais Serge Alain Noa nous propose la même histoire dans une enveloppe différente une série télévisée qu’il a écrite et réalisée. Harraga, brûleurs de frontières» 20 épisodes x 26 mn, 2013 est diffusé depuis le 8 mai sur Tv5 Afrique à 19h30, et rediffusé le lendemain à 9h10. Le titre, il ne l’a pas cherché bien loin. Les Tunisiens Salouad Benabda et Wissem El Abdel avaient déjà intitulé leur livre illustré Harraga, les brûleurs de frontières» 2011, Encre d’Orient. Merzak Allouache s’en était rapproché en baptisant son long-métrage Harragas» Algérie, 1h43, 2008. Harraga est un néologisme en arabe qui désigne les personnes qui tentent de partir en Europe clandestinement. Ils brûlent donc la frontière et l’ordre établi en même temps que leurs papiers, leurs identités et même leurs vies. Ils doivent passer par cette petite mort qui efface leur histoire et leur passé pour naître de nouveau dans un pays et une situation meilleurs. Tu restes au pays, tu as une chance sur dix de rater ta vie ; tu pars, tu as une chance sur dix de mourir», disait déjà un personnage de La Pirogue». C’est aussi à cette conclusion que sont arrivés les cinq personnages principaux de cette série. Ils sont jeunes entre 26 et 30 ans, ils ont été scolarisés mais ils sont pauvres, ou presque. Le scénariste les a savamment placés dans des situations professionnelles et familiales différentes. Bath Alain Bomo Bomo est diplômé en marketing et communication et son entreprise a fait faillite. Ingénieur agronome au chômage, Tangui Axel Abessolo vit au crochet de sa grand-mère. Fiancé et bientôt père, le chauffeur de taxi Marco Gabriel Fomogne accuse dix mois d’arriérés de salaire. Tookie Pierre Bala est musicien et n’arrive pas à trouver un producteur. Délaissé par la mère de sa fille pour un Blanc, Zongo Henri Owono vend des livres au poteau. Les sirènes de l’europe Dans un contexte où le développement se planifie à l’horizon 2035 alors que les jeunes ont besoin de solutions pour aujourd’hui, comment leur reprocher d’envier la réussite d’Amsa Frank Olivier Ndema qui revient au quartier plein de fric et de morgue après 8 ans en Europe ? Ce retour sera donc l’élément déclencheur qui va décider ces garçons plein d’appréhension sur leur avenir à tenter l’aventure. Plus que la pauvreté, c’est le creusement des inégalités, le sentiment d’injustice et l’absence de perspective qui les amènent à fantasmer sur une Europe où tout est possible, pourvu qu’on soit prêt à retrousser ses manches. D’ailleurs, au fil des premiers épisodes, l’expression dans ce pays» revient dans les dialogues comme un refrain, pour souligner le quotidien déprimant des personnages. Noa a conçu sa série en trois saisons. La première énumère les mille et une raisons qui poussent les jeunes à partir jeunes à tenter une aventure aux risques inconsidérés car l’Europe n’est pas le paradis. Pour leur donner une raison de continuer à vivre ici, il laisse entrevoir un avenir radieux en appuyant, avec une emphase frisant la promotion, les faits d’armes de la Commission nationale anti-corruption Conac, mise en place au Cameroun en 2007 pour lutter contre la corruption. Fiche technique Harraga, brûleurs de frontières de Type série Tv genre société scénariste / réalisateur Serge Alain Noa Productrice Elisabeth Kounou Production Vynany Sarl Distribution internationale Côte Ouest année 2013 chômage, corruption, favoritisme, etc. La seconde, prévue en 2015, va porter sur le chemin de croix qui mène à l’Europe, avec les différentes possibilités qui s’offrent aux migrants clandestins. Une fois la frontière franchie, la troisième et dernière saison décriera les conditions de vie en Europe où on est très vite rattrapé par la clandestinité et la difficile intégration. L’affiche de cette série d’intervention sociale présente, sous un ciel bleu faussement serein, l’ici et l’ailleurs séparés par des barbelés. Le personnage ayant traversé est écrasé par la tour Eiffel qui se dresse loin, audessus de sa tête. L’intention du scénariste est évidente décourager les Hommage à charles nyatte La distribution a attiré le gros des acteurs qui occupent la scène ces dernières années au Cameroun, avec plus ou moins de bonheur Martin Poulibé, Deneuve Djobong, Rosalie Essindi, Massan à Biroko, Tony Bath Atangana, Joseph Mouetcho, Daniel Leuthe, etc. Avec des découvertes qui partent de derrière la caméra pour se placer devant Frank Ndema, Alain Biozy, Nathalie Mbala Mpesse et Avit Nsongan Mandeng, qui assure également le montage. A noter aussi un passage éclair du très regretté Charles Nyatte décédé le 15 novembre 2011 à l’âge de 67 ans, au cours la première semaine du tournage de la série où il tenait un rôle. L’épisode 13 lui donne d’ailleurs le meilleur rôle. C’est une séquence du précédent film de Noa, Le don involontaire» 2007, 56mn qui met en scène un détourneur de fonds publics, sa femme et un voleur. Si elle rend un hommage mérité à un acteur de poids, elle alourdit en revanche le rythme de la série. Malgré les tentatives louables de raccord, cette séquence paraît décalée car elle éloigne le téléspectateur de l’intrigue principale durant une trentaine de minutes, sans interruption. Harraga, brûleurs de frontières» sera officiellement présenté au Cameroun en août prochain. Avec l’espoir que ceux qui attendent le bonheur d’ailleurs se décident à la chercher ici. sTéPHaniE DongMo Césaire Mouté Les films faits dans les écoles doivent être vus Vous dites, à travers votre festival, encourager la qualité des productions issues des écoles de cinéma, ces œuvres sont déjà notées… Ce que nous voulons faire c’est stimuler les productions dans les différentes écoles. Il est vrai que ces films sont faits pour des formations précises. Lorsque nous envoyons les fiches à candidatures, les responsables d’établissements s’évertuent à nous envoyer leurs meilleurs films. A partir de cette compétition, on peut essayer de dégager la meilleure école en termes de qualité, surtout qu’il existe déjà une certaine querelle d’écoles ; il y a celles qui pensent être conventionnelles par rapport à d’autres. été choqué plusieurs fois, c’est d’ailleurs l’une de mes motivations, d’écouter un comédien dans une radio de la place dire qu’il n’y a pas d’écoles de cinéma, c’est pour cette raison qu’il a envie de former des gens. Moi je suis étudiant chercheur en Art du spectacle et cinéma. Il existe bien des écoles qui forment en cinéma au Cameroun. Pourquoi est-ce que les étudiants doivent faire des films qui ne sont jamais vus. Je me souviens qu’en première année, nous avions fait des films qui malheureusement ne peuvent pas être vus. Les étudiants ne devraient plus faire des films simplement pour avoir des notes. Nous devons vraiment montrer les films qui sont faits dans ces écoles. A travers ce festival, nous aimerions créer une plate-forme de rencontre entre les professionnels et amateurs. Ça nous donnera également la possibilité de signer des conventions avec des écoles de cinéma dans le monde, afin de partager connaissances et savoirfaire. que dites-vous à ceux qui pensent que c’est juste un festival de plus ? C’est un festival de plus, c’est vrai, mais c’est un festival qui vient redorer le blason du cinéma école au Cameroun. J’ai combien d’écoles avez-vous recensé ? Je voudrais quand même rappeler que le festival est dédié aux films école mais pour ne pas léser certains, nous avons pensé créer la catégorie Stylo d’or de Le délégué général du festival panafricain de films école de Yaoundé First short revient sur la 1ère édition qui s’est déroulée du 22 au 25 mai derniers. l’espoir» qui donne l’occasion à ceux qui n’ont pas eu la possibilité d’entrer dans une école de cinéma de participer à la compétition. Nous avons recensé une quinzaine d’écoles mais seulement cinq ou six nous ont envoyé des films. Notamment l’Université de yaoundé I, les Instituts des beaux-arts de Nkongsamba et Foumban, le CFPA, et Ceforma. Nous avons également reçu des films de l’Espagne et du Maroc. Nous voulons aussi encourager ceux qui font du cinéma à penser se former dans des écoles. C’est vrai qu’on peut apprendre sur le tas et faire de très bonnes choses, mais il est important d’avoir les rudiments et les fondamentaux nécessaires pour ce métier. un atelier de formation, une conférence, un marché du scénario, une dizaine de prix à décerner, ce n’est pas lourd pour une première édition ? C’est vrai que nous sommes, pour la plupart, des étudiants dans notre association Cine vision organisatrice du festival, mais nous avons voulu placer la barre haute. Et la preuve en est que nous sommes à 90% de réalisation de nos activités. Malgré le peu de moyens. Vous ambitionnez aussi de professionnaliser les enseignants ? Il ressort des différentes formations que le cours théoriques se fait à 90%. Et nous savons tous qu’on doit lier la pratique à l’écrit. Donc en organisant des ateliers de formation, on permet des rencontres entre élèves des différentes écoles ; ce qui peut faire naître des lobbyings auprès du gouvernement pour permettre une permutation d’enseignements. Le festival se tiendra annuellement parce que le cinéma camerounais a besoin d’une certaine vivacité. ProPos rECuEiLLis Par PéLagiE ng’onana musiques © DR 4 Musique Tobias Mbarga chante pour la paix Le baryton a donné un concert vendredi 30 mai 2014 à l’hôtel Djeuga Palace de Yaoundé. U ne vague d’émotions a traversé la salle Garoua du Djeuga Palace lorsque l’artiste a levé sa voix pour chanter You raise me up, so I can stand the mountain, I am strong when I am on your shoulder», titre extrait de son riche répertoire musical. Vendredi 30 mai 2014, Tobias Mbarga est allé redonner de l’espoir à ceux qui n’en ont plus. A travers un concert de chant lyrique qui a mis du baume au cœur des amoureux de musique classique. Pendant près de deux heures, la voix du baryton a transpercé les murs de la salle de spectacle pour porter au loin le message de réconfort à tous ces africains disséminés à travers le monde parce que fuyant les conflits dans leurs pays d’origine. Placé sous le signe de la paix, le spectacle organisé par AICP Management, a vu la participation de plusieurs artistes, notamment le groupe yeren, un trio de jeunes femmes à la voix suave qui a arraché des salves d’applaudissements à chacun de leur passage. Le poète slammeur Aubin Alongnifal est venu dresser le triste tableau d’une ville africaine en proie à la guerre civile. Entre deux chants, il a déclamé son poème fétiche Ville meurtrie». © DR Tobias Mbarga Tobias Mbarga a exécuté une douzaine de titres de son immense répertoire musical My peace’, Aimez-vous…’, How great’, Holy city’, La paix dans nos cœurs, entre les Nations’, Bata Ele’, Because he lives’, The trumpet’, Jésus- Dieu pour changer les cœurs des hommes» Pourquoi un concert pour la paix maintenant ? Il y a tant de choses ignobles qui se passent dans ce monde. Tant de guerres civiles qui déciment des vies. Tant de conflits d’intérêt qui sèment la désolation au sein de la population civile. De plus en plus, la guerre des religions s’invite à la table des conflits. L’Afrique est entrée dans la danse de la pire des manières. Il y a trop de choses à supporter par le peuple meurtri. Devant tant de vies qui s’achèvent sous le tir d’une kalach, on ne saurait rester indifférent ! Et où se trouve l’artiste dans tout ça ? Je me dis, j’ai une voix, je dois la mettre au service de mes semblables. Aujourd’hui, je me place comme un ambassadeur de la paix. Ma mission est de ramener les cœurs perdus à ce qui est bien, beau et honorable. est-ce la raison pour laquelle vos chansons sont orientées vers le christianisme? Je n’ai pas toujours puisé dans le registre religieux puisque j’ai accompagné des artistes venus d’horizons divers. J’ai fait des concerts en hommage à Luciano Pavarotti, le chanteur italien de regrettée mémoire. J’ai fait des concerts de chant lyrique moderne… Seulement, cette fois, j’ai décidé de faire des chants spirituels parce que je sais que Dieu parle au cœur des hommes, pour que la paix demeure dans notre pays et qu’elle s’installe chez nos voisins. A travers le spirituel, Dieu peut nous aider, exaucer nos prières afin que notre pays demeure dans la paix. Pourquoi avoir attendu si longtemps pour entrer en studio alors que vous faites la musique depuis longtemps ? Concert Très roots dans ses concepts, la chanteuse et guitariste livre un troisième album ancré au cœur du Cameroun culturel. © perez Sereine Kareyce Fotso C e n’est plus une surprise pour le public. Kareyce Fotso se consacre entièrement à la musique. Après des passages au théâtre et à la danse. Voix présente et mélodieuse, explosive sur scène, elle est le mélange parfait entre musiques africaines et voyages autour du monde. Depuis 2009, elle enivre le public de ses albums dont les titres sont devenus des tubes. Trois albums déjà, dont un produit localement, Mulato, et deux autres, Kwegne 2010 et Mokte 2014, signés par le label belge Contre/Jour, où l’on retrouve également l’Ivoirienne Dobet Gnahoré. On garde chaque titre comme un refrain bien ancré de la nouvelle voix world, celle de la jeune génération des artistes féminins décidée à exporter leur talent et leur musique. Depuis quelques semaines, elle bénéficie d’une large promotion nationale avec une série de concerts de présentation dans le cadre de la tournée des Instituts Français du Cameroun. D’une scène à l’autre, Kareyce a le don de se métamorphoser en une tigresse de l’industrie du show. Difficile de l’isoler dans un couloir musical tant cette citoyenne du monde dispose d’une panoplie de rythmes généreux. Mokte est certainement son album le plus abouti avec une forte variété de rythmes et de thèmes. Mokte fait probablement le chemin de la différence dans la diversité du regard que veut démontrer l’artiste. Album inspiré d’une histoire de relations entre les différents habitants de Mvog-Ada, ce quartier cosmopolite de yaoundé, creuset de son enfance et de ses souvenirs. Derrière les façades délabrées, les rues envahies de badauds, prostituées et autres ivrognes, ce quartier où plusieurs ethnies et nationalités se côtoient exhale le charme discret de l’intégration des peuples et de la diver- Christ est Seigneur’, you raise me up’. Par la même occasion, l’artiste a rendu un vibrant hommage à toutes ces mères qui allaitent leurs bébés sous les coups de canons. irènE gaouDa en concert. Je n’ai jamais fait un album en studio. En ce qui concerne mon entrée tardive en studio, je ne saurai vraiment l’expliquer. Mais, une chose est sûre, plus de deux millions de personnes m’ont vu chanter et des milliers m’ont écouté ici ou ailleurs. Cependant, jusqu’ici, je n’ai pas pu rencontrer quelqu’un pour me produire. Alors j’ai décidé de me jeter à l’eau. Ce n’est pas facile. Mais, je suis patient. Je reste ouvert à qui voudrait m’apporter un appui dans la production. En allant pas à pas, j’arriverai au bout. a quel stade êtes-vous ? Je suis en studio actuellement. Il y a la prise de voix, la programmation à faire, du grand boulot en perspective… En réalité, je fais le chant lyrique depuis 1993. J’ai appris à chanter auprès des chanteurs internationaux tels Jacques Greg Belobo, René Esso, paix à son âme, et d’autres professeurs de musique français et brésiliens qui venaient travailler au Cameroun. J’ai déjà intervenu dans plusieurs albums, dans des chorales chrétiennes, j’ai aussi des albums, mais sité culturelle de notre pays. y revenant, Kareyce dévoile les sentiments et des histoires nous entraînant dans son parcours des choses vues. Son album est donc ce faisceau d'anecdotes, de curiosités, interpellant comme on n'en a plus vu sur l’unité des peuples de son pays et du monde. Mais que ce soit dans les concerts où le public découvre l’album progressivement, ou dans l’album, il y a de l'intime, des souvenirs, des rencontres, des trajets musicaux. trouvailles Stratégie oblige, Mokte qui signifie croire en langue ghomàla est présenté au Cameroun par une série de concerts depuis sa sortie européenne en mars 2014. En second spectacle à l’IFC de yaoundé, c’est un autre charme que l’on a vécu. Un show bien calibré avec un orchestre très professionnel. Dans une ambiance crispée quelque peu par un protocole en salle, improvisé par deux gendarmes tension de la célébration de la fête nationale et la menace des terroristes de Boko Haram, le public a retrouvé une artiste pleine de vie et d’amour. On se laisse prendre dans le charme entêtant de son voyage au cœur des rythmes camerounais, qui flirtent avec d’autres groove du monde et un kaléidoscope des langues invitées à inscrire leurs empreintes dans sa croyance. Un savant saupoudrage où l’on se retrouve sans complexe. Sa scénographie nous impose son style trois chœurs bien connues avec la charmante Annette Okonnor, le lead du groupe Moreh ; à la guitare Michel Mbarga ; Venant Tiomo et autre Petit Jean Abanda aux percus. On a la version live d’un album très cuit. Ça commence par Messa, où l’artiste qui travaille sur cet album ? Pipo Nguele est à la programmation, Simon Pierre Tonye au piano, Dipita au saxo. Il y a également George Bikolo et bien d’autres. J’aurai un chœur et d’autres chanteurs aussi. Tout le travail se fait sur place au Cameroun. ProPos rECuEiLLis Par prend le pouls. Le spectacle paraît lourd. Le public n’e s’y accorde pas encore. Mais il pousse la curiosité. Les explications de l’artiste laissent entrevoir la rondeur de ses mélodies. Ndolo comment ça va ?’ vient bousculer le sérieux. Chanté en douala, sous un flow de makossa cool, la température monte d’un cran. Le titre Manké’ remène l’atmosphère tranquille. On surfe sur une musique calme avec toujours l’impression de deviner la mélodie. Elle rentre encore dans un répertoire étonnant avec Kowadi’ composé par Isnebo, qui plonge dans la culture peulh du Nord. Elle en profite à chaque fois pour en mettre plein la vue de son polyglottisme français, anglais et les autres langues qui constituent l’épine dorsale de cet album de 12 titres y passent. La suite est réussite. Le public adhère et se lâche sur la scène. Dans son mélange, tout est possible. Ses influences et son organisation scénique, ajoutés à son déploiement chorégraphique apportent une étoffe supplémentaire à son jeu de guitare qui a suffisamment maturé. Kareyce est désormais une voix et des spectacles de haute facture à la conquête des scènes du monde. Elle remercie tout le temps les amis de la coopération, le ministère de la Culture qui boostent sa carrière. Ces images, ce déploiement, suscitent tout de même une réflexion faut-il absolument faire avec le giron de la coopération pour se voir organiser une vraie tournée artistique ou encore un véritablement lancement d’un album ? En tout cas, Kareyce a déjà les pieds à l’international, reste que les plus jeunes la suivent aussi. MarTiaL E. nguEa - nº 042 - Juin 2014 © DR mosAïques Jimmy Sax is back ! J e suis doublement heureux de réécouter Jimmy Mvondo Mvélé Jimmy Sax qui nous revient avec un album intitulé Comment ça va ? C’est la crise» de musiques diverses 2014. Dans un style que je lui connaissais déjà bien lyrisme soft hérité fondamentalement de son influence coltranienne et cette joie de jouer en intensité maximale mais sans agressivité, du bon bantu du Zulu Gang qu’il a su rester malgré moult pérégrinations à travers le monde et autres associations musicales heureuses, Jimmy Sax se rappelle opportunément à nous à un moment où les repères musicaux sérieux ne semblent pas particulièrement intéresser quelques-uns de nos artistes musiciens, surtout une partie la gent féminine, bien en vue en ce moment, ici au pays. La première raison pour laquelle cet album me plait est le fait qu’il traduit une expérience osmotique réussie de partage de sensations d’artistes sur les 13 titres, trois artistes de qualité, en l’occurrence Marcel Aboto, Nyboma Mwan Dido [chant] et Justin Bowen [piano] sont en featuring ; la seconde raison, elle, concerne la diversité des langages musicaux qui sont exprimés ici avec aisance et une certaine maestria c’est le moins que l’on pouvait attendre pour qui connait l’homme et son background. Que ce soit donc le Zouk pur Comment ça va ? C’est la crise’ ; Remember’, etc. ; le Jazz R n’Jazz’ [A écouter en priorité !], un rythme qui survole plusieurs réalités traditionnelles musicales du Cameroun Cf. l’excellent Matakam’, avec Bowen ; la Biguine des îles Hello Mbolo’ ; du Mambo Keep Cool’ [probablement le meilleur titre de l’album], etc. ; et, petite cerise sur le gâteau, Samedi super’ qui fit danser tout le Cameroun en 1984 ! On se rappellera pour cette dernière chanson, que c’est avec Tété Fredo, un tromboniste et requin bien connu des studios français qui enregistraient les musiques africaines durant Yaoundé Franco Na Biso !», concept dévalorisant Ce 26 mai 2014 donc, de surprise, il n’en fût que de désagréable. Et ce pour dire le moins. D’abord, c’est la composition de la troupe qui étonna plus d’un. Trois cordes, une batterie et un saxophone la composait. De plus, quatre instrumentistes sur cinq étaient de jeunes dont on avait hâte de voir le talent. La soirée commence donc et dès les premières notes, un froid s’empare des mélomanes de Franco, ceux-là qui connaissent l’univers du Congolais. Elles sont approximatives et loin donc de l’original. Deux morceaux plus loin, le même ennui a décidé- ment du mal à quitter les oreilles. Et même si la sonorisation des lieux fait des siennes comme le relève à foison le saxophoniste Guédon, il faut dire que ce sont les reprises en elles-mêmes qui sont loin du compte. De guerre lasse, on suit la bande dont le jeu est forcément limité en espérant qu’un rayon de soleil surviendra. Hélas, le désastre se poursuit. Et atteint son paroxysme avec le dernier thème, sans doute le plus connu de Franco. Mario s’invite donc sur le podium pour une exécution plus que médiocre. Non seulement les percus© DR F ranco Luambo Makiadi est une légende de la musique africaine. Une de ces montagnes dont on ne peut apercevoir les différentes composantes à partir d’un seul point de vue. Quatre décennies durant et même bien après sa mort en 1992, il a bercé les mélomanes d’Afrique et au-delà depuis son QG de Kinshasa. En répondant à l’invitation du duo Jean-Rémy Guédon Français et Kojack Kossakamvwe RDC du concept Franco Na Biso !», les mélomanes s’attendaient le 22 mai dernier à goûter l’une des faces artistiques de ce géant, au propre comme au figuré, dont les mélodies et les compositions continuent d’avoir grâce aux yeux des Africains. Surtout pour ceux d’entre eux qui avaient été du concert il y a deux ans au même lieu d’un autre butineur de légende, le trompettiste français Médéric Collignon, qui explora les prairies insoupçonnées de son lointain et brillant devancier Miles Davis. Une soirée qui mit en valeur le talent de la bande à Collignon sans trahir le wonder boy du jazz américain, dans une reprise originale et recherchée de nombre de ses titres. Mory Touré Mon but, accompagner les artistes africains ! © DR Le promoteur de la webradio radio africa» explique les origines et l’évolution de son projet qui commence à se distinguer dans le paysage médiatique du continent. qu'est-ce qui t’a poussé à mettre sur pied le projet radio afrika? D'abord je salue tous les lecteurs de Mosaïques. Cette idée de radio est venue de fréquents voyages en été sur des festi- vals en France, où à chaque fois je rencontrais plusieurs artistes africains dans leurs différentes tournées. Il se trouve que ces grosses tournées où les artistes sont de véritables ambassadeurs tant pour la musique africaine et même souvent des causes politico-sociaux passaient inaperçues sur les medias africains. C'est là que j'ai l'idée d'accompagner quelques artistes en faisant des directs sur des radios africaines avec qui je collabore déjà sur plusieurs aspects. Apres l'écho de cette expérience dans les medias, j'ai été approché par quelques promoteurs africains, qui m'ont dit "pourquoi ne pas le faire aussi sur nos évènements en Afrique pour qu'ils soient plus connus en Afrique puisque ta plateforme voyage à travers le continent par le biais des radios". Voilà comment je me suis retrouvé dans plusieurs évènements culturels du continent pendant cette année notamment au Masa ou on s'est rencontré. Je signale que le radio a été lancé le 02 aout 2013, au Festival du Bout du monde en France. comment t'organises-tu pour couvrir tous ces événements vu que ta radio est maintenant un peu partout? Ne pouvant être sur tous les évènements, on part dans des évènements donnant une pertinence dans leurs contenus au niveau de la programmation. Car l'objectif de Radio Afrika c'est des casser des barrières entre des blocs du continent. Voilà pourquoi on retrouve des radios d’Afrique de l'ouest, du centre, de l'est et du sud. Le fait que le concept de "Radio Afrika " est une radio mobile nous facilite le déplacement. Dieu merci on a maintenant un site internet qui marche 24h sur 24 en streaming et qui relaye tous nos programmes musique, interviews et nous permet de faire des émissions en direct sur internet quand on est sur un évènement. Notre playlist musicale voyage à travers l'Afrique or dans une radio ordinaire on a des contraintes que ce soit d'ordres administratives ou commerciales. En l’espace de quelques jours de mise en ligne, on est plus de 800 personnes en écoute à travers le monde. On demande à tous les artistes de nous faire parvenir les sons à notre email [email protected] La radio est en quête de son autonomie matérielle et logistique, parce que jusqu'à présent, ce sont les organisateurs qui nous fournissent le matériel et ça nous pèse ! Je demande aux bonnes volontés de nous aider dans ce sens. Car nous voulons couvrir plusieurs évènements. qui sont tes principaux soutiens? Je voulais profiter de cette opportunité pour remercier tous ces jeunes africains et les animateurs à travers leurs radios musiques 5 la décennie 80, aujourd’hui résidant du côté des Etats-Unis, que Jimmy Sax était littéralement entré dans nos cœurs ! Cet album va donc forcément s’écouter davantage des puristes et de quelques nostalgiques du passé, certes, mais il gagnerait surtout, à mon sens, à être écouté pour la qualité de ses arrangements qui sont des petites merveilles du genre ! Je me réjouis donc que ces six premiers mois de l’année nous ont donné à écouter quelques pièces de qualité qui font du Cameroun un client sérieux dans le concert international des musiques. Sideman à l’expertise avérée durant les époques florissantes de la musique camerounaise, voire Black tout court, sur les bords de la Seine, Jimmy Sax nous livre la musique telle qu’on ne peut que l’aimer originale et éclectique dans sa conception, précise et rigoureuse dans son exécution et enfin conviviale dans la chaleur qu’elle transmet. Enjoy it ! Jon sions qui soutiennent cette composition sont aux abonnés absents, mais la discipline instrumentale est jetée aux orties. Avec un prime une virée dans le ndombolo qui finit d’enterrer la rumba chère à Franco. Et pendant qu’une partie du public se donne à cœur joie à une danse improvisée, le fan de Franco n’a plus que ses yeux pour pleurer tant son esthétique est bafouée et méconnaissable. Alors lui vient la question de l’opportunité de cette tournée. Pourquoi l’avoir programmé alors que le projet semble encore balbutiant ? Est-ce pour dévaloriser Franco ? Ou alors pour satisfaire un compatriote en mal de reconnaissance ? Toujours est-il qu’il y eût en plus de l’immaturité des porteurs artistiques du projet une escroquerie artistique, intellectuelle. On ne vit à la place du génie de Guédon tant proclamé que des solos sans effet ; du jeu de son compère Kojack pompeusement comparé à Richard Bona, on ne vit rien de semblable à la virtuosité et à l’application du guitariste mondialement connu ; de cette rencontre explosive vantée, il n’y eût tout au plus qu’un pétard mouillé. De menus choses qui n’ont pas manqué de susciter l’interrogation sur cette coopération artistique franco-congolaise» qui a dans le passé donné droit à de meilleures productions et performances. Une soirée à publier. Très vite. ParFaiT TabaPsi qui soutiennent ce projet et aux promoteurs de festivals et culturels qui nous font confiance en nous invitant à leurs évènements. Je voulais saluer personnellement Jacques Guillerm Jacquito, ce grand régisseur français qui a cru à ce projet et qui a permis qu'il se fasse d'abord en Europe et maintenant en Afrique. De ce fait, on repart monter Radio Afrika au festival du Bout du Monde à Crozon les 1,2 et 3 août prochains pour la 2è fois consécutive, merci à Jacques Guerin pour la confiance. C'est vrai qu’actuellement, les soutiens sont beaucoup plus militants. On remercie tous ceux qui croient à ce projet et qui continuent de nous amener à être une vraie plateforme radiophonique incontournable sur le continent. Je tiens aussi à rappeler qu'au-delà de l'aspect radio c'est tous les supports medias qu'on utilise on a un blog, on transcrit des interviews qui sont relayées sur des journaux physiques dans plusieurs pays. On aimerait faire des partenariat avec des structures institutionnelles et privées pour donner encore plus d'impact à la valorisation de la richesse et la diversité de notre culture à travers notre plateforme qui en l’espace de quelques minutes peut se retrouver à Kigali, à Dakar, à Niamey, à Libreville, à Abidjan, à Lumumbashi… Radio Afrika appartient à l'Afrique culturelle. Il n'y a pas de raison qu'on ne soit pas partout pour accompagner tous ces acteurs qui se battent chaque jour pour un rayonnement plus important de la culture dans nos sociétés, mais il faut d'abord nous soutenir, on en a besoin. rECuEiLLi Par 6 arTs PlasTiques Université Yaoundé I La réunification en photo En marge des activités du cercle des étudiants des arts du spectacle, un débat a opposé des experts sur la question. S ur le bout du Boulevard de la réunification à Ngoa Ekéllé, se dresse le monument éponyme. Une empreinte visuelle qui suscite moult réflexions à la fois sur son projet et son rôle dans la cité. Tristement pointé sur le sommet Atemengue, la mine palie par la désuétude, comme une photo abîmée par le temps, sans doute irradiée par les rayons solaires trop perçants. Le Monument de la réunification, le monument le plus symbolique de l’histoire du Cameroun ploie sous la métamorphose hilare qui a dégradé son image depuis son érection. Le passer au crible c'est comprendre ce symbole de la construction politique du Cameroun, écartelé entre les célèbres chantiers du régime Ahidjo et les ambitions de démocratie de son successeur Paul Biya. Cette vieille œuvre architecturale affiche ostensiblement son mépris pour ne pas intéresser les regards de la société. Partant du thème qui avait sous-tendu leur concours interuniversitaire, les étudiants de l’université de yaoundé I au sein de leur Cercle des étudiants de la filière Arts du spectacle CEAS, ont proposé d’échanger autour du thème Monument de la réunification patrimoine culturel et unité nationale et émergence». Le sujet central concernait des photographies sur le monument autour du thème de l’unité natio- nale et de l’émergence fléchissant entre exposition photos et observation académique. En marge de l’exposition, les déclarations des spécialistes comme Armand Leka Essomba, sociologue, qui cherche à comprendre l’esprit de la création des monuments dans notre pays. Le monument de la réunification est un symbole fort de la politique de notre pays. L’idée de la création d’un monument n’est pas une sinécure. Elle repose exactement sur un projet politique précis qui traverse au loin ses ambitions esthétiques. Perçu comme tel, il devra absolument jouer son rôle de patrimoine culturel à travers plusieurs activités qui pourraient s’y dérouler. La tragédie du vulgaire et impropre qu’il porte fait partie de l’esthétique du rabougri cher au Pr Hubert Mono Ndjana qui aime ainsi caractériser tous les monuments du pays. L’unité nationale serait donc subséquente à l’idée originelle de la genèse de ces monuments. En cela, la palabre génétique de la célébration de l’indépendance du Cameroun trouverait son sens. Sans tomber dans le même sentiment, l’anthropologue paul Abouna replace l’enjeu de la culture à travers sa définition et la sensibilité d’un patrimoine. Cette notion quasi tautologique vue à partir du monument de la réunification comme patrimoine, renvoie à plusieurs notions à préciser» et qui portent la chape de l’unité culturelle et le socle du développement, symbole de l’émergence attendue dans notre pays. Dans le hall du département des Arts du spectacle, leur exposition en impo- mosAïques se. Rodrigue Tchassem de la section arts du spectacle et cinématographie et Arnaud Clovis Keuleu Nguekam, arts plastiques et archéologie, ont développé des visions, à la fois divergentes et introspectives, sur le monument de la réunification. Dans un premier temps, il est question de découvrir ce monument et sa beauté fatale. En plus d’explorer la violence béante qu’il représente dans la ville. Rodrigue Tchassem, en petits fragments de vue, capte le monument dans ses axes, le dissèque et lui offre des perspectives. Il fait une espèce d’assemblage de vision sur laquelle repose son aisance à transformer l’hilare en belle couture de petits univers fondus les uns dans les autres. La traversée visuelle se fait à partir de plusieurs sous-thèmes. Mais aussi de l’apprivoisement que se font des milliers de jeunes aujourd’hui. La vétusté de ce monument le trouble et recluse sa sympathie. Keuleu Nguekam alias Keulion, fait une touche le cliché en couleurs noir et blanc. Ses photographies glissent avec une sensibilité naturelle dans l’intimité du monument et aussi sa fixation futuriste dans la mémoire collective. Plus académique dans son approche, il le montre de près dans les détails à travers la perception de ce qui devrait être de la vie autour de ce monument. Certains ne se retrouveront pas, et c’est dommage. Mais c’est un heureux voyage dans la crypte du monument de la réunification en plusieurs couleurs. Bien que cherchant leurs voies dans l’antre de l’esthétique de l’abîme montrée par le monument, les étudiants escaladent dans un sujet sensible et délicat en politique pour hisser notre regard pictural. MarTiaL E. nguEa Tous les mois en kiosque Soutenez-nous, abonnez-vous +237 73 26 88 87 / +237 96 46 58 17 Bafoussam Figures et Traditions» met les photographes en atelier C’était du 12 au 14 mai 2014 avec pour animateur le Malgache ricky aina et des participants amateurs venus de plusieurs villes de la région. A ppareils photos posés sur les tables, blocs notes barrés de suggestions et d’astuces, les photographes posent des questions pour comprendre et asseoir des techniques nouvelles dans leur domaine. La formation s’est ouverte par les fondamentaux de la photographie. Avec cette introduction bien étoffée, les participants constatent que la photographie est plus complexe qu’il n’y paraît. L’un des photographes, Photo colombe le confirme d’ailleurs mon collègue et moi nous rendons compte après ce premier sousthème sur le choix des accessoires du photographe que nous n’utilisions nos appareils photos qu’à 10%». Les autres points abordés au cours de cette formation sont tout aussi accrochant. On peut citer la maîtrise et l’approfondissement des prises de vue, les corrections post traitement. Ricky Aina, très pointilleux sur les aspects techniques d’une image, s’est longuement attardé sur des détails qui passent parfois inaperçus aussi bien pour le photographe que pour le consommateur. Il a également attiré l’attention des photographes sur un fait en déclarant que le photographe doit utiliser de moins en moins de flash, car il dénature la photo ; de plus, il doit toujours faire apparaître les émotions dans la réalisation de ses photos». Après une phase théorique bien fournie, le formateur a permis aux participants d’apprécier techniquement des photos. Un exerce - nº 042 - Juin 2014 En Bref Palabre écologique Jean-Michel Dissakè explose Du 27 mai au 25 juin ses œuvres au Safaripark de Knuttenberg au Danemark. L’exposition la palabre écologique est un ensemble de 52 toiles, une douzaine de sculptures autour de la problématique de l’enjeu de l’équilibre écologique à l’ère des grandes mutations culturelles et la grande enjambée industrielle. L’artiste animera également des ateliers de Pictosculpture à l’endroit des jeunes plasticiens scandinaves. Dschang Pour une reconnaissance de la contribution de la femme au développement, L’Ong française France volontaire en partenariat avec l’Alliance franco-camerounaise de Dschang et l’association Tockem, a présenté le 16 mai 2014 à la salle Manu Dibango de L’AFC l’exposition photo 10 Femmes, 10 portraits d’engagements». France volontaire, en tant que promoteur de la solidarité internationale et de l’engagement volontaire, a profité de la journée internationale de la femme pour mettre en lumière ces femmes qui sont actrices du changement. Un coup de projecteur sur l’expérience de 10 femmes engagées, qui ont vocation à inspirer. Ces chefs-d’œuvre du photographe Aimay Menoba est le fruit d’un travail de la rencontre avec 10 femmes Camerounaises yaoundé, Douala, Dschang, Akono engagées dans leur environnement de travail, au sein de leur contexte au quotidien. Présidente d’association, maire, chef traditionnelle ou encore volontaire, chacune d’elle agit dans son domaine. L’exposition alliait photo et texte pour rapporter un condensé de leur vécu pour que la place constructive qu’elles prennent dans la société soit reconnue comme telle. édifiant qui décuple l’intérêt des bénéficiaires. Prosper Mekem, initiateur de la formation, se réjouit de l’intérêt des participants qui ont répondu présent bien qu’il en attend plus j’ai un souci, celui de voir les photographes formés tutoyer pleinement les autres professions dans la région de l’ouest». La formation s’est achevée le 14 mai 2014 avec un nouveau module qui a porté sur les instruments juridiques en matière de photographie. IL faut rappeler que Mekem alias Perez est le promoteur depuis trois ans de festivals photographiques. Un évènement mis au-devant de la scène sous le label Figures et Traditions. Désormais dans la ville de Bafoussam, la photographie est de plus en plus regardée avec respect grâce à Perez. ELsa WanDJi mosAïques - nº 042 - Juin 2014 PaTrimoine 7 Oku Fai Monkoh, sculpteur infatigable Lorsque nous le rencontrons dans sa concession à ngashie arrondissement d’oku, département du bui, nous sommes frappés par des maques gigantesques disposés dans un certain désordre tout au long du mur d’accueil. Ensuite, nous observons une porte de laquelle s’échappent des torches de fumée. Puis nous voyons émerger de ladite porte une figure atypique avec une coiffe noire et le reste du visage emballé dans un demi-cercle de barbe blanche. nous n’avons pas beaucoup de peine pour deviner qu’il s’agit du maître des lieux, un certain Fai Mankoh, l’homme dont l’actuelle université de Yaoundé i garde encore les estampilles artistiques. Lui qui vivifia couloirs, murs et plafonds du campus de ngoa Ekellé de ses magnifiques œuvres. rencontre. comment avez-vous été amené à sculpter les bâtiments de l’université de Yaoundé ? J’ai été envoyé à yaoundé par le Fon de Oku vers les années 61-62, à la suite d’une visite effectuée par un européen auprès du Fon. Je me suis donc rendu à yaoundé en compagnie d’un Tchinda [serviteur à la chefferie, Ndlr] au nom de Mbeh, dans le but de sculpter des enseignes devant servir d’ornement des différents bâtiments de l’Université de yaoundé. Nous avons produit 40 oeuvres pour décorer les bâtiments du campus. Un Koloss à Oku S i les Dogon ont eu leur Marcel Griaule et les Mankon leur JeanPierre Warnier, les Oku quant à eux ont eu leur Koloss. Cet anthropologue Allemand qui tomba amoureux» scientifiquement des peuples Oku au point de leur consacrer toute sa carrière. Décédé le 23 octobre 2013 et enterré à Berlin, cet Allemand aura marqué le monde scientifique par ses impressionnantes intuitions et ses observations pertinentes sur une société en mutation, en l’occurrence les Oku du nord-ouest du Cameroun. L’histoire qui lie le Docteur HansJoachim Koloss à la localité d’Oku est à la fois une question de cœur et de raison. Il arrive pour la première fois à Oku en 1965 où il est gratifié d’une hospitalité légendaire de la part du Fon et de ses serviteurs. Dès cet instant naît une passion pour les Oku, une affection qui sera sans cesse nourrie aux grés de ses multiples voyages, initiatives et écrits. Un sentiment profond quelle récompense particulière avezvous reçu en retour ? Dans les années 70, Koloss m’a invité en Allemagne pour montrer à ses compatriotes de quoi notre culture africaine pouvait être capable. Par la suite, le fon d’Oku et ses trois autres notables se sont rendus en Allemagne et je n’ai plus jamais su la suite des choses. Ce que je sais par contre, c’est que plein d’objets d’art d’Oku avaient été emportés en Allemagne. La suite, je n’ai sais rien également. Koloss avait besoin de circuler partout à Oku pour questionner des gens, dessiner des cartes, photographier les hommes et les choses. Il avait pour cela besoin d’un accompagnateur local. Il s’intéressait aux danses, aux masques, aux accoutrements, à l’architecture. A l’époque, les maisons étaient en bambous et les toitures en paille. Koloss se promenait dans le village pour regarder les gens construire les cases et il faisait des photos. Chaque fois, il avait besoin de quelqu’un pour le renseigner. Comme j’étais parmi les rares de la contrée à savoir m’exprimer en que lui rendront bien les Oku en l’adoubant le 7 juin 1996 du titre de Fai Ndeh Ebkfuo. Employé au Linden – Museum à Stuttgart, il décide de monter une exposition intitulée Cameroon. Kings, Masks, festivals» avec le soutien de l’Institute of Foreign Relations à Stuttgart. Il organise de ce fait une mission du 30 décembre 1976 au 11 mars 1977 à Oku et ses environs. L’exposition a lieu du 24 août au 13 novembre 1977 à l’Institute of Foreign Relations et remporte le prix Grafik Design Deutshland» en 1978. Quant à Koloss lui-même, il est lauréat du prix photo et texte du catalogue de cette exposition. Ensuite, l’exposition circule jusqu’en 1982 dans de multiples galeries dans des villes d’Allemagne. Pendant que cette exposition est de passage à Munich, Koloss lance un appel à fonds en vue de la réalisation d’un projet d’adduction d’eau à Oku. German Marks sont collectés et expédiés au Cameroun. Non seulement les fonds n’ont jamais été reçus à Oku, mais en plus aucun accusé de réception aux différentes lettres. Lorsque Koloss revient à Oku en 1996, il lui est impossible de savoir où est passé l’argent tout ce qu’il réussit à glaner comme information est de savoir que pour cette affaire, trois personnes ont été écrouées à Bamenda, sans plus. L’essentiel des travaux scientifiques de © DR concrètement, comment cela s’est-il passé ? A l’Université, j’ai sculpté des masques et des figurines. J’ai également enseigné à sculpter à plusieurs étudiants et professeurs, blancs comme noirs. Parmi eux, il y avait des ressortissants de Oku, à l’instar du Premier ministre actuel Philemon yang, l’ancien gouverneur Francis Faï yengo ainsi qu’un certain Shom. Vous retournez au village succéder à votre père avant d’accompagner sur le terrain l’anthropologue allemand Hans Joacquim Koloss... anglais, j’étais tout désigné pour le guider sur le terrain. Mensuel - n° 042 - Juin 2014 arts et cultures du Cameroun 30332 Yaoundé, cameroun tél +237 73 26 88 87 e-mail [email protected] Directeur de la publication Joseph Fumtim 99 98 04 88 comité éditorial Joseph Fumtim, Kamdem Souop, Kouam Tawa, Marcel Kemadjou Njanké, Parfait Tabapsi 96 46 58 17 ont contribué à ce numéro Stéphanie Dongmo, Martin Anguissa, Parfait Tabapsi, Pelagie Ng’Onana, Martial E. Nguéa, Elsa Kane, Théophraste Kemajou, Irène Gaouda, Elsa Wandji Vous êtes maintenant on peut dire à la retraite. quel bilan tirez-vous de votre vie d’artiste ? Je suis assez connu dans mon pays et même dans le monde entier de par mes œuvres. Il m’a manqué la capacité de lire et écrire correctement l’anglais. Si j’avais ces atouts, j’aurais fait le tour du monde pour promouvoir mes œuvres. rECuEiLLi Par JosEPH FuMTiM Koloss porte sur la vie et la civilisation des Oku. Ces peuples des montagnes remarquablement établis sur cette chaîne montagneuse regroupée sous l’appellation des Mont Oku et dont le point culminant se situe au niveau du Kilum 3011 m, deuxième massif le plus haut de l’Afrique centrale et de l’ouest après le Mont Cameroun. Pour mener ses travaux de recherche, le Dr. Koloss a effectué une série de missions de longue durée sur le terrain à Oku et environs. Voyages qui commencent en 1975 et se terminent après 15 missions de recherche couronnées par la publication de la monographie "World-View and Society in Oku Cameroon» en 2000. Koloss prend sa retraite de l’Ethnological Museum of Berlin en 2002. Cependant, le virus de la recherche le tient toujours prisonnier. Il effectue quatre autres voyages entre 2004 et 2005 à Kembong dans la région du Nord-ouest du Cameroun, assorti d’un autre ouvrage, Traditional Institutions in Kembong Cameroon» publié en 2008. Avec le soutien de chroniqueurs Marcel Kemadjou Jean-Claude Awono, Joseph Owona Ntsama Armand Leka Essomba Kouam Tawa, Wilfried Mwenye impression JV-Graf Dessins Landry Kamdem Distribution Messapresse Mosaïques est réalisé en association avec la Cameroon Art Critics CaMaC 8 liTTéraTures mosAïques Hommage à Ntesa Dalienst ! P aru aux Editions Hemar, à Brazzaville en 2013, dans sa collection Arc musical» sous la plume nostalgique de Jean-Claude Gakosso, ci-devant ministre de la Culture et des Arts de la République du Congo Brazzaville et président du Comité de direction du Festival panafricain de musique Fespam, NTESA DALIENST et la sublime épopée des Grands Maquisards» est un livre-hommage constitué de petits tableaux qui retracent aussi bien les grandes lignes de la vie d’artiste talentueux que fut Daniel Ntesa Nzitani alias Ntesa Dalienst, le fondateur du célèbre groupe les Grands Maquisards», que le contexte d’émergence, d’évolution et du déclin dudit groupe et de son leader décédé le 23 septembre 1996 d’un cancer du cerveau. Les inconditionnels de la rumba de l’entre-deux 60-70 se souviendront avec émotion de cette voix et de la musique de ce groupe qui aidaient alors le jeune lycéen Gakosso, à Brazzaville, à se réfugier littéralement […] dans la mémoire du beau» Pour ceux et celles qui connaissent la qualité de la puissance émotionnelle de la rumba des deux rives du Congo de cette époque charnière, que ce soit via le chant de la voix de tête ou tout simplement à travers l’accompagnement des chœurs, voire finalement le tout combiné à un jeu de guitare cristallin et lyrique, on peut comprendre que certains privilégiés dont Gakosso fait partie ne furent pas souvent loin de l’extase ! D’ailleurs, comment peut-il en être autrement quand on écoute, par exemple, une chanson comme Maria Mboka’ composée par Ntesa Dalienst dont l’attaque ou l’entrée de la guitare d’Augustin N’Singi Mageda, reste, à ce jour encore, un moment d’une rare intensité sentimentale de jeu, voire carrément indépassable dans ce qu’un guitariste de rumba peut produire avec ses doigts et surtout avec son cœur… Personnellement, j’avais toujours cru que c’était son cousin, le saxophoniste Verckhys des Editions Vévé -à qui plusieurs groupes de l’époque sont redevables- qui avait composé cette inoubliable mélodie que tout le monde fredonnait autour de moi, dans ce yaoundé qui n’arrivait toujours pas à se remettre de la débâcle de la 8ème coupe d’Afrique des Nations de football. On pourrait dire exactement la même chose pour une chanson comme Sébéné-Rumba’ avec un impérial Jo Kalambayi à la guitare mi-solo, et ainsi de suite. Sur 91 pages serrées avec une iconographie-souvenir utile, Jean-Claude Gakosso balade le lecteur dans les moments de l’innocence originelle du petit Dalienst né en 1946 à Kinsiona BasCongo, kimbanguiste, vivant dans le dénuement total, mais qui aime le chant religieux. Et surtout chante à merveille ! Ce qui explique par ailleurs son rapide recrutement, lui le moniteur indigène à Mbanza-Ngungu, dans le groupe Vox Africa» de Jeannot Bombenga Wewando pp. 29-33 ; 43-46. Et ce sera le début d’une très belle aventure, avec certes des hauts et des bas, en ces moments de liesse où l’homme, adulé de Valery Kammegni Je fais l’autopsie de la mentalité humaine Pouvez- vous introduire, en quelques mots Les lettres pleurardes» que vous venez de publier à edilivres en France ? Il s’agit d’un recueil de 44 poèmes universalistes, remplis de symboles et d’images. Le tout est assez attachant et incantatoire puisque la plupart des textes sont une autopsie de la mentalité humaine de nos jours. L’ouvrage s’intitule Les lettres pleurardes», car il est un ensemble de complaintes, d’analyses de la condition de l’humanité, et, l’exaspération des témoinsvictimes de l’hégémonie du nouvel ordre mondial. il semble que vous ayez publié plusieurs livres. aujourd’hui votre premier recueil de poésie. Pourquoi ? J’ai toujours écrit des textes poétiques, mes ouvrages en témoignent clairement. Quant à un recueil aujourd’hui, je dirai que la poésie est le moyen le plus pur et simple de dénoncer et de s’exprimer sur les atrocités dont est victime notre humanité. Je voudrais également à travers cet ouvrage, montrer la puissance de la philosophie de la poésie, qui, elle, va au-delà de l’ordre qui voudrait, gouverner le monde. La liberté individuelle a des normes, cependant assujetties à la liberté universelle. Le libéralisme puisqu’il s’agit d’une certaine manière de ce concept, n’est pas une forme de liberté, mais une sorte de domination. Ici, le vers libre est privilégié, mais est soumis à une musicalité particulière, un rythme, une cadence et parfois à un retour régulier de la même sonorité à la fin des vers. quel message cherchez-vous à transmettre avec ce livre ? Je ne cherche pas à transmettre un quelconque message, mais plutôt des émotions, des réflexions, susciter des attentions, des engagements et une prise réelle de conscience sur la situation globale du monde dans lequel nous comptons nous épanouir. Vous savez, la paix n’est pas un vain mot. Ce n’est non plus, un simple slogan dont on pourrait indéfiniment entretenir avec des discours. Et ni les larmes versées, ni le sang des innocents qui coule à flot et les armes les plus sophistiquées Ecritures si vous deviez porter une citation de votre ouvrage pour résumer sa vision globale, laquelle choisiriezvous ? C’est un exercice laborieux! Parce que des consonnes et des voyelles ont été savamment mariées pour en faire de véritables mots qui puissent sans trop de caractères exposer ou dénoncer les maux cruciaux qui gangrènent et désagrè- La chronique de Jean-Claude Awono* L’identité culturelle V qu’on puisse fabriquer tous les jours au lieu de produire de bons aliments pour nourrir l’humanité ne l’imposera. L’objectif, c’est que chaque lecteur puisse en dégager ou y projeter ses propres témoignages, ses propres ressentis, ses propres réflexions sur les vocables paix, amour, liberté et fraternité profondément développés. oici l’une des notions les plus étonnantes de l’Afrique postcoloniale. Elle a fait couler tellement d’encre et de salive qu’elle a presque noyé tout le continent. Elle a fait le tour des universités et autres espaces de sapience. On ne sait plus combien de débats elle a généré, combien de contradictions elle a suscité. On n’a pas oublié, pour ce qui est du Cameroun, les volumes intellectuels remplis dans les années 80 sous l’égide de François Sengat Kuo, alors ministre de l’Information et de la Culture, sur l’identité culturelle nationale ; volumes qui, malgré leur pertinence, n’avaient pas réussi à vider le contentieux identitaire de ce pays. Mais s’il est une question qui se pose avec acuité, c’est bien celle de savoir où se trouve l’identité culturelle. Pour beaucoup, la question ne se pose même pas. Si l’on veut voir à quoi elle ressemble, si elle a une face borgne ou un torse athlétique, c’est au village qu’il faut aller fouiller. Pas ailleurs, surtout pas en ville, que l’on a tôt fait de dépouiller de cette camisole de force qui correspond au sécularisme des villages. Mon expérience des jurys de concours littéraires m’en a fait voir des vertes et des pas mûres. Je me souviens de ce concours récemment organisé au Cameroun qui portait sur le thème de l’identité culturelle et qui était ouvert aux jeunes de 14 à 25 ans. Vivant presque tous en ville, ils se sont rués sur le thème à grands renforts pathétiques de retour au village, de langue maternelle qu’on ne savait plus parler, des rites qu’on avait oubliés, du village qui s’était éloigné et dont la nostalgie faisait des ravages…Cette séparation d’une réalité aussi déterminante du vécu de l’Africain actuel d’avec le lieu qu’il habite le plus la ville, est tout de même frappante et tragique. Que fait notre identité dans les villages, alors que nous vivons en ville ? Que faisonsnous en ville, alors que notre iden- * Directeur des tité moisit dans les villages, seule, éditions Ifrikiya, accrochée comme un vieux vête- Président ment à quelque pieu, en proie à de la Ronde des mites et à des charançons ? des Poètes. C’est quoi ces villes sans visages et sans tripes que nous habitons ? [email protected] L’identité est-elle si malléable qu’on puisse ainsi s’en dévêtir quand l’on veut et revenir la chausser lorsque l’envie nous prend ? Quand on sait ce que nous avons fait de nos villages, on ne peut ne pas s’apitoyer sur le sort lamentable qui peut être celui de notre identité culturelle. Mais pourquoi la loge-t-on au village ? Parce qu’on continue de croire que l’Afrique, la vraie, garde ses traits essentiels et incorruptibles dans ces contrées qui sont pour certaines coupées de toute tous, fait des tournées à travers l’Afrique noire avec son groupe Le rapide kaléidoscope sur les hommes de cette époque glorieuse, riche en anecdotes et autres détails de vie professionnelle pp. 43-81 nous situe avec précision sur les qualités techniques de chacun des membres du groupe. L’auteur n’omettra pas de mettre un petit chapitre intéressant sur les Tribulations managériales et précarités existentielles» qu’il faut lire absolument pour comprendre le quotidien de nos musiciens que l’on croit souvent riches comme Crésus et qui peut, en quelque sorte, expliquer le paradoxe de leur fin. D’une écriture simple, le texte de Gakosso qui participe surtout du devoir de mémoire, se lit d’un trait et intéressera tous ceux qui aiment la musique africaine et ses principaux exécutants. Jon Jean-Claude Gakosso, Ntesa Dalienst et la sublime épopée des grands maquisards, Brazzaville, Les éditions Hemar, Coll. "ArcMusical", fév. 2013 Nlle Edition revue et corrigée, 91 pages. gent notre Humanité. Mais sachons que la liberté de chacun est soumise à la liberté universelle. Plusieurs thématiques sont abordées dans le recueil et je trouve difficile de le résumer en une seule citation. Autrement, observons que L’amour ne divise pas, et il est bien plus léger que la haine et la rancœur que prêchent certains leaders d’opinion ». comme l'indique le titre du recueil, cherchez-vous à éveiller ou à indigner les consciences dans votre livre ? J'invite d'une certaine manière l’Humanité, donc toute la communauté humaine à la réflexion, à redéfinir, à appréhender et à s’approprier véritablement les mots Paix, Fraternité et Liberté. Je conclurai en citant quelques vers de ce livre Dans le désert de mon cœur, j’ai caché ma haine/Dans les savanes de mon âme, j’ai bercé la peine/Dans la forêt de mon être, j’ai porté mille gênes/Tant mes yeux ont assez coulé de chaudes larmes/Par l’égo démesuré de ces hommes nantis d’armes…» © DR L’auteur de Les lettres pleurardes» parle des thématiques traitées dans son dernier recueil. - nº 042 - Juin 2014 rECuEiLLi Par THéoPHrasTE KEMaJou ouverture au monde et pour d’autres ravagées par la modernité et les exodes de toutes sortes. Que l’Afrique vraie est cette chose statique, indéboulonnable, qui ne grandit et ne grandira jamais, statufiée à tout jamais, qui attend patiemment sur place la fin des temps, indemne à toute révolution et à tout à tout progrès. Cette vision de l’Afrique est sans conteste le plus grand désastre que nous faisons à notre terre. C’est dire que les villes sont le lieu de l’aliénation la plus gigantesque qui ait jamais existé, espaces qui sont tels que pour les habiter, il faut s’expurger de soi, se vider de toute consistance et se transformer donc en pantin, en mauviette et en toutes ces existences flasques et molles qui ne mènent jamais nulle part. L’identité, ce n’est pas cela. C’est plutôt cet héritage que l’on a reçu, et que l’on choisit aussi, quel qu’il soit, dont on ne peut se départir, ou que l’on peut choisir de laisser tomber, qui vit avec nous là où nous sommes, qui est notre visage ; aliéné ou non, nous sommes à chaque seconde une identité errante ou pleine, ni la ville ni le village ne peut ni nous en éloigner ou nous y rapprocher. Notre identité, c’est nous, pris en flagrant délit d’existence. Votre identité est la langue française ou anglaise, si vous n’avez que cette langue pour nommer le monde ou vous mettre en relation avec vous-même et avec les autres. Mon identité ne sera pas dans une langue que je n’utilise pas, que je ne connais pas. Ce que j’ai lu, écouté, assimilé, d’où que cela vienne, du moment que j’en ai fait ou l’on en a fait une partie intégrante de moi, devient moi, c’est-à-dire, mon identité. Sinon ce serait comme porter un nom que l’on espère et qui appartient à quelqu’un d’autre, ce serait afficher ce qu’on n’est pas et être ce qu’on n’affiche pas. L’identité culturelle, c’est comme son visage, on le porte et on l’affiche. mosAïques - nº 042 - Juin 2014 liTTéraTures Dieudonné Iyodi L’auteur de Mbômbôlè, les Légendes» propose une série de travaux sur les peuplements du Cameroun et leurs racines migratoires. L’egypte, les tracés imaginaires multiséculaires, l’afrique, les légendes pour vous auteur, qu’est-ce que ces mots représentent ainsi que l’histoire à laquelle ils renvoient? L’Egypte fut un point important de l’histoire des peuples d’Afrique. En même temps qu’elle représente l’exemple même de ce qu’un peuple peut se réaliser en s’appuyant sur des valeurs pérennes. Les tracées de l’histoire de l’Afrique ne sont pas si imaginaires que cela. Le chercheur camerounais Eugène Wonyu a retrouvé un manuscrit où l’on parle des Bassa, une tribu du Sud-Cameroun, dans les universités occidentales, longtemps avant l’impérialisme en Afrique. Toujours dans ce périple, on constate qu’il y a une grande corrélation entre différents peuplements sur le sol africain. Ce qui explique pourquoi lorsque vous arpentez plusieurs pays sur les quatre coins du continent, vous obtenez les éléments qui justifient cette forte migration interne avec différents passages. De nos jours, on retrouve des localités dont les noms ont parfois perdu du sens dans les langues qui y sont parlées, mais trouvent leur sens dans certaines langues parlées au Cameroun, par exemple. A partir de cette observation, il y a des noms dont la ressemblance est connue en terre camerounaise malgré quelques tournures consanguines, et qui nous laissent croire que ces peuplements sont issus d’une même racine migratoire. Ainsi, ces variations de langues nous permettent d’obtenir des éléments d’un traçage sociologique et anthropologique précis de notre continent. Ceci s’observe dans la région du lac Tchad. Par ailleurs, en définissant une légende comme une histoire qui n’est pas tout à fait un récit historique mais porte en lui des éléments appartenant à l’histoire, tous les peuples ont des légendes, sans exception. Il y a des peuples qui parce qu’ils détiennent la puissance militaire ou économique vont user de leur hégémonie pour faire de leurs légendes des dogmes, imposer leur point de vue. L’Afrique connaît des peuples dont le tracé historique s’établit à partir de ces légendes, parfois partagées avec d’autres d’un point à un autre. Dans ce sens, quelles sont ces légendes du Mbômbôlé que vous évoquez dans ce livre ? En fait, la légende fondamentale est celle du Mbômbolé. Lui-même étant un concept qui signifie l’origine du monde. Mbômbolè signifie le nombril. Dans mon travail, j’ai constaté qu’à travers la planète, plusieurs se réclament de cette base de la définition © DR L’histoire des peuples s’écrit aussi par les légendes du Mbômbôlè, le nombril ou le commencement du monde aussi bien en français que dans d’autres langues. En somme, ce concept est un une réalité universelle. En fait, nos ancêtres lointains de tous les peuples de l’humanité ont chaque fois, à des endroits précis reconnus, un point de liaison entre l’homme et la terre. Exactement comme le principe du nombril ombilical qui lie un bébé à sa mère. En prison, Enoh Meyomesse s’écrie L lui. Lors de sa déportation à Bertoua, je tremblais telle feuille ouverte/et je tremblais tel condamné à mort», raconte-t-il. De Kondengui intérieur extérieur désignant le monde des personnes libres, la parole de l’auteur ne cache pas l’anomie psychologique qui le traverse parfois, notamment le suicide. En effet, Enoh est quotidiennement en situation de bataille du regard face aux enchainés aux pieds, aux poignets, aux tympans, aux yeux, aux cœurs, aux âmes». Il doit à son corps défendant accepter d’être transporté dans le camion des bandits» pour les salles d’audience. Il nous fait découvrir au fil des vers qu’il organise en descente d’escalier - on dirait une parole sous le régime du hoquet, un univers carcéral avec ses codes langagiers. On y est soit chibagnard», soit Gaspard».Ces gardiens de prisons qui referment bing bing bing» les portes métalliques à la chapelle, à la bibliothèque, au quartier des femmes, à l’infirmerie, etc. Il y a aussi de triste réputation, Kosovo le quartier maudit/deux mille damnés en plein air» que le poète relate. En prison, Enoh se rit, de ces autres gens du régime devenus ses co-pensionnaires, je vous découvre à présent à mes côtés […] confondus parmi les confondus que l’on bouscule /dans la cour sans dire pardon Son Excellence». Poème carcéral apparait dans sa trame, au travers de la narration, de la description, de la réflexion, de la méditation, comme une sortie de prison, une levée d’écrou lyrique. Mais en réalité, on ne sort jamais de la prison comme on y est entré, jamais idem. Et le poète le sait, lorsqu’il dit, quand/je/sortirai/d’ici/un autre homme/je serai». Autre vérité, celle de l’écrivaine Claire Legendre, en écrivant, on se fabrique». A coup sûr donc, Enoh Meyomesse n’a pas encore entièrement livré le pénitencier de Kondengui, y purgeant encore sa peine, il écrit, il s’écrit, il se fabrique. MarTin anguissa © DR e vacarme. Un lourd vacarme de douleur, de pleurs, de souffrance et de peurs; un monstrueux vacarme de la terreur du silence envahit nos espaces de raison et d’émotion en lisant Poème carcéral de Enoh Meyomesse. Quelque soit le prisme sous lequel on entre dans l’œuvre parue aux éditions du Kamerun, il est difficile d’évacuer le feuilleton politicojudicaire et littéraire qui a conduit Meyomesse dans le pénitencier de Kondengui à yaoundé. Difficile donc l’arbitrage entre la distance critique du chroniqueur littéraire et la compassion qui saisissent tout individu pour un écrivain de surcroit embastillé. De l’homme Enoh, nous retiendrons l’œuvre poétique, objet de notre devoir d’exercer. Un adage populaire camerounais dit que la prison, c’est la mort». Kondengui est plus tueur que sauveur. C’est de ce lieu morbide et létal que le poète s’est forgé force, courage et volonté résurrectionnelles dans des mots libres derrière les barreaux. Le président de l’association nationale des écrivains du Cameroun dénude une écriture de soi vive, saignante, collée à l’épiderme de la prison. Tout commence avant son emprisonnement. Le poète évoque son retour au Cameroun après un séjour à l’étranger Je suis retourné dans mon pays/avec mon âme /peuplée de milles/songes de liberté […] je suis retourné dans mon pays bien aimé /me voici /quand cesseras-tu donc/ de broyer sans états d’âme/tes enfants/les plus valeureux». Le poème inaugural Je suis retourné dans mon pays pourrait à lui seul résumer le ton et la verdeur qui se dégagent de l’ensemble des seize textes du recueil. Sur la route de la prison, l’auteur n’échappe pas au boulet de la pancarte. Elle pendait à mon cou/la pancarte maudite/elle pendait lourdement», l’écriteau qui identifie la prise des bandits. Toujours dans le registre de l’avant-prison, Enoh dévoile ses bourreaux et le motif de son arrestation, O gens du régime/dépositaires du destin de mon peuple/pourquoi me traiter de la sorte/parce que je ne suis pas/de votre avis». Le poète ne comprend pas pourquoi, vénérée ailleurs, la plume est détestée comme l’oiseau de la mort» chez symbole du peuble bassa contemporain. que devons-nous comprendre de cette réalité ? Le Nsa n’est pas originaire de l’Egypte, il y était de passage. On y a retrouvé ses traces à d’autres endroits du continent africain. Le Nsa, c’est l’être humain. Il se trouve simplement que parmi tous ces Nsa, il y a des Nsa qui ont continué à s’appeler comme ça. en revenant sur cet attachement au ngog Lituba, et l’émiettement des peuples de nsa dont les bassa, les bati, les basso, les bakoko, les Mpoo du cameroun, quelle est l’explication que l’on donnerait aujourd’hui à la divergence qui les caractérise ? Lorsqu’une communauté trouve enfin, son mbômbôlè, elle rétablit le lien ombilical avec le cosmos à travers la terre. Le cosmos est à la fois une matière et un esprit. C’est ce qui va expliquer que même lorsque les clans où les dénombrements s’éloignent physiquement de ce lieu, ils conservent tous leur rattachement spirituel, énergétique et matériel avec leur Mbômbolè. A travers le Mbômbôlè, le cosmos tout entier est concerné. Ce principe est valable même dans les religions. C’est pour cela, que tous les Musulmans du monde sont rattachés à la Mecque quel que soit l’endroit où ils se trouvent. Et tous les Catholiques au Vatican et au pape. On comprend aussi pourquoi, il est vital pour les Bassas de conserver leur lien ombilical avec Ngog Lituba. Quelque soit l’endroit du monde où ils se trouvent. Généralement, les peuples africains pour l’essentiel tirent leurs origines de l’egypte. Vous l’évoquez dans le livre mais en vous basant sur la réalité du peuple nsa, Poésie Enoh Meyomesse, Poème carcéral... Poésie du pénitencier de Kondengui, Editions du Kamerun, Yaoundé, 2012, 56 pages. 9 rECuEiLLi Par Dieudonné F. M. Iyodi, Mbombolè, les légendes, essai, Yaoundé, édition Fondation Mbombôlè, 2014. En Bref récompense Fidèle Djebba a remporté le premier prix de la première édition du concours Sévérin Cecile Abega de la nouvelle. L’assistance sociale qui n’est pas à son premier sacre empoche ainsi la somme de Fcfa et des livres. Conjointement organisé par l’université catholique d’Afrique centrale UCAC et l’IFC de yaoundé, le concours s’adressait à tout public sans distinction d’âge et de sexe. Il était question de rédiger dans une démarche inspirée de celle de l’auteur du célèbre recueil, Les Bimanes», une nouvelle où primeraient la cause des laissés-pour-compte et des gagne-petit ainsi qu’une grande liberté de ton dans la narration et les dialogues. Il s’agit de rendre hommage à un écrivain, un enseignant qui aura marqué des générations de camerounais par son immense talent», a précisé Jean-Claude Awono, le président du jury dans une salle de l’Ifc de yaoundé pleine comme un œuf. Au total 85 manuscrits ont été enregistrés pour cette première édition. Les 10 meilleures nouvelles ont été sélectionnées par un jury de 4 membres parmi lesquels le père Jacques Fedry, directeur des presses de L’UCAC. Le 1er et allé à Fidèle Djebba pour sa nouvelle Une journée au Mboko». Armand Meula remporte le 2ème prix pour Un destin sans couleur», Christian Manga a séduit avec Sonnette d’alarme». Ils empochent respectivement et F Cfa. Les autres finalistes ont, quant eux, reçu des livres. en librairie Au cœur de la problématique du management de nos institutions, Viviane Ondoua Biwole prend la température à vif des maux. Elle analyse le management et l’organisation, la typologie des comportements de nos dirigeants du plus petit maillon à la strate supérieure que représente l’Etat, son chef avec. En réalité, cet ouvrage interroge les raisons du sous-développement de l’Afrique, du Cameroun en examinant les formes d’institutions et la qualité du management qui y règne. Deuxième ouvrage d’une universitaire et responsable administratif, spécialisée en management et administration des institutions, qui reprend avec force détails un ensemble de regard de sa perception du management à tous les niveaux de la chaîne. Viviane Ondoua Biwole, Au secours, je suis patron ! Que faire aux premières heures de la nomination ?, Yaoundé, Editions clé, 2014, Fcfa. 10 chroniques mosAïques Au kwatt C La chronique de Marcel Kemadjou * 'est chaud dans le mboko de la coupe du monde 2014 de ndamba. Les gens de là-bas ont le macabo filles mais on ne montre pas et le sang du Gobna à cause les faces des filles quand elles des sacs et des sacs de djaétaient à l'école. Comment on ramba qu'ils sont en train de peut partir avec 270 filles, verser dans la folie du foot c'est-à-dire au moins quatre qui ne dure qu’un seul mois. bus Douala-yaoundé, sans que Pendant ce temps, les gens même pas un hibou ne nyiè là n'ont pas le bolo et on vient où on les a transportées ? les chasser de leurs chamPourquoi vous voulez nous bales, de leurs quartierscanards en disant qu’ils salis- * Poète-raconteur, mboutoukouter comme ça ? Les gens ferment les yeux sur sent la ville et la sécurité du Makéa les centaines de petites gondèballon qu’on joue avec les lè qu'on envoie njoh au yemen pieds. Ils ont fait jusqu'à [email protected] et un peu partout chez les même les prêtres de leurs grands propriétaires des ancêtres sont venus danser en équipes de foot d'Europe. Et c’est pleine route les choses que normacomme ça que les hommes-bien-delement on danse en cachette. Il faut là-bas les yib et nak leurs lass njoh, que le Gobna du Kamer soit sage gratis et personne ne parle. Pardon pour ne pas finir notre argent parce qu'on nous excuse avec les Obama qu’ils veulent aussi faire leur part Haram qu'on veut nous fermer les de Can 2019, 42 ans après 1972. yeux avec. Les Obama sentant leur Mieux la marche que Boko Haram. mort prochaine veulent seulement Les bokoharameurs-là font on semer le désordre pour empêcher manque le respect à nos Pâ-Paul. Le les chinois de venir manger leur hollandais de France les convoque part d'Afrique. Puisque les Africains et ils courent comme des moutons. sont fiers quand on les tchop à Même Goodluck, le Pâ-Paul du toutes les sauces ; pourquoi ne pas grand Nigeria court comme si laisser qu'on les tchop aussi à la c'était son patron qui l'avait appelé. baguette chinoise ? Les Africains do Dites-moi, ce n'est pas le hollandais comme le mbéré qui a tué sa femme des franssi qui devait normalement et qui s'est fini lui-même après. venir ici ? Wèhkê, pourquoi vous C’était à yaoundé. Avec ça yaoundé nous souillez comme ça eh ! Boko va respirer comment ! Haram est ici à côté de vos pieds Les Obama haram croyaient qu'ils vous courez pour aller faire la pouvaient faire quelqu'un oublie réunion à Mbèng ? Pardon ne nous son 20-mai national ? Je n'ai pas souillez plus comme ça. On peut oublié les jeux universitaires de même voir comme ça que les gens Douala c'est l'autre-là que je devais qui disent que Boko Haram est un oublier ? L'abeille que j'ai à la maibusiness entre eux-eux ont raison, son et que la loi appelle mon épouse hein ? Ils disent qu'on a volé 270 Pourquoi vous nous souillez comme ça Musica La chronique de Joseph Owona Ntsama* affiliés, situation symptomatique hélas de la perception même que les pouvoirs publics et leurs acteurs directs ont de la culture de leur pays, tout court. Depuis 1979 que les Camerounais ont la tent le pavé sous un soleil à charge de la gestion de leurs droits en damner Sainte Cécile et matière de musique, rien n’a plus jamais crèvent la dalle au quotiété normal. L’aura internationale de dien, eux, les créateurs des quelques-uns de nos dignes fils et de œuvres de l’esprit, aujourquelques-unes de nos dignes filles qui d’hui demi-dieux ayant prennent leur activité musicale au perdu toute prestance… sérieux, a ausculté nos tares -exactement Ils voulaient tout et tout de comme en football anglais- en donnant suite, les pauvres ! Et pour l’impression que tout allait bien ici sur ce faire étaient prêts à en place cette image d’Epinal que l’on découdre avec les autori- *Journaliste prend ici pour une réalité concrète, n’est tés, s’il le fallait, pour ren- culturel rien d’autre qu’un fantasme infantilisant. trer dans leurs droits Free Lance La preuve on a fait comme si nous bafoués. Je précise qu’au étions des professionnels en la matière. même moment, la cour Chercheur à la On s’est donc convaincu, en essayant de suprême de notre pays ne Fondation Paul paye pas ses employés, Ango Ela de géo- transformer l’ignorance en vertu comme tout comme l’agence du politique FPAE. d’habitude, qu’on allait tout régler en imposant des décisions impertinentes service civique national de [email protected] par le haut, quitte à se faire sérieuseparticipation au dévelopment discréditer auprès des instances pement… C’était donc d’un musicales internationales. D’un autre côté, pathétique de voir d’ardents sur place, on a des musiciens incapables de sympathisants des mesures de se mettre d’accord sur le minimum objectif, redressement prises, hier seuleversatiles à souhait et atteints de panurgisment, par la tutelle, jadis me, toutes choses qui annihilent tout sens contempteurs acharnés de la critique. Le résultat ne peut donc être que CMC et de Ndédi Eyango, se parpitoyable, et on n’est manifestement pas jurer en décriant à grands cris sorti de l’auberge… On n’aura pas sauté sur l’incurie dont ils seraient subiteKolwezi, ce jour-là, armé jusqu’aux dents ! ment l’objet quand il n’en a Mais on n’en était pas loin. Au lointain, pasjamais pourtant été le contraire. sait une noria qui distillait les sons de la J’ai eu à la rappeler ici, en son célèbre chanson, Drôle d’histoire», temps, cette situation kafkaïenne d’André Marie Talla… Tout un symbole ! des droits de nos musiciens et La légion saute… sur l’artiste ! L n'a plus mon temps. Elle est toujours en train de tourner avec son père qui est devenu monsieur-le-maire. Même rentrer à la maison elle rentre encore ? Je dois seulement profiter des trucs comme les jeux des étudiants pour avoir ma part de nga. Elle n'a qu'à continuer, un jour Boko Haram va la calmer. N'estce pas mon ancien ami bènsikineur crânait aussi quand il était devenu monsieur-le-maire ? Il est où maintenant. Le guémé, la vie dure va le tuer. C'était fort sur lui jusqu'à il est venu me demander de lui donner kolo. Un ancien monsieurle-maire manque 1000 francs ? Je lui ai donné ça avec la main gauche. Le monde-ci ! J'ai compris que pendant le défilé du 20 mai un ambassadeur a perdu son téléphone ? C'est beau ça ! Ils aiment toujours dire dans leurs gromologies que le Cameroun est une destination dangereuse» pour décourager leurs frères joues-rouges de venir dépenser leurs crédits ici. Ils ont déjà vu quoi ! Il faut qu'ils disent maintenant que faire l'ambassadeur au Cameroun est un métier dangereux». Mais je sais qu'avec le téléphone-là on va apprendre beaucoup de choses sur les kongossas des Obama et du Hollandais ; eux dont le seul rêve est de faire que notre pays qui est riche devienne un mangossi. Voilà même Bell'a Njoh qui a décidé de poum, de fuir la terre et ses souffrances. On dit que si on faisait le coup de coeur pour lui il ne mourait pas. On va faire le coup de coeur sur lui qu'il est les Lions indomptables ? Mais maintenant qu'il est parti on va l'appeler Lion de la musique camerounaise. undi 5 mai. Des badauds interloqués. Une voiture du Minac Ministère des Arts et de la Culture qui embarque du matériel administratif. Des huissiers de justice, des autorités administratives et policières sur place, la mine grave. Le service juridique du ministère de tutelle est bien là, accompagnant manifestement ce mouvement d’humeur dont le comité Fan Thomas prendra acte, deux jours après. Le maigre personnel administratif qui restait encore de la SOCAM sinistrée, ce matin-là, est jeté dehors sans ménagement, autant que les musiciens qui planchaient laborieusement sur la réforme du droit d’auteur, experts» installés par les bons soins de la tutelle, il y a quelques mois. On cadenasse les portes de la structure. Les gueux, à l’origine de cette fronde, sont des rachitiques artistes dont on ne se rappelle même plus, pour certains, la dernière production musicale, ni le lieu de la dernière prestation scénique. Pour justifier l’esclandre, ces derniers revendiquaient, naturellement, que leurs droits soient payés dans la totalité -bien que la SOCAM, depuis juillet 2013, n’ait pas eu son agrément renouvelé par qui de droit- et se demandaient en outre, pourquoi elle continuait à employer un personnel -qui, luimême n’est plus payé depuis belle lurette !et surtout que leurs camarades devenus tous subitement experts en droits d’auteur et Cie, coutaient quand même très cher au contribuable camerounais, tandis qu’ils bat- - nº 042 - Juin 2014 À mi-mots Instantanés de Kouam Tawa Même bleu dans l’azur Je suis Ce que je suis. * Le monde est là Quand tu es Là. * Être Jan Neruda Ou rien. Il fut Pablo Neruda. * Avec quels yeux Cherche-t-il Ses lunettes ? * Je suis Dit le partant Où ne pas naître. * Des amours, Oui. Puis désamour. * Paix ! Paix ! Colombes en guerre. * Elle se parle Pour que vive Sa langue. * Vieux capable Est mort Au champ d’amour. * On n’abaisse pas Sans S’abaisser. * Je sais Me taire En toutes les langues. * Merci Père & Mère D’être encore et toujours là. * Le vent Est le consul Du mont dans la plaine. * Chaque histoire D’amour Recommence l’amour. © DR - nº 042 - Juin 2014 Tournage Avec le soutien de Francine Kemegni opte pour la série Extra Le supplément de l’art et de la culture dans l’espace public La réalisatrice camerounaise est à pied d’œuvre pour la production de Notre mouton bien aimé». Une série qui campe sur les conséquences des actes posés par des hommes et femmes en société. adame la director» est imperturbable ce jeudi 15 mai. Cette sixième journée de tournage déboute pourtant péniblement pour la petite équipe réunie au quartier Emombo, à Yaoundé. Depuis la matinée que comédiens et techniciens sont réunis, le tournage tarde à démarrer. Mais c’est toute relaxe que Francine Kemegni explique Nous avons quelques problèmes avec nos appareils ce matin et nous essayons d’y remédier pour commencer le tournage». De réglages à réglages, le travail d’équipe finit par contourner les blocages et planter les décors. Avant le premier clap, la réalisatrice passe un coup de fil S’il te plaît j’ai besoin d’un moniteur, je n’arrive pas regarder les images pendant le tournage ; et à la fin elles ne sont pas de très bonne qualité ». Au bout, une promesse. Les séquences prévues ce jour mettent en scène les arnaques et abus d’une pasteure non convaincue envers ses brebis. Séparant couples et familles. Des séquences qui font intervenir principalement Carine Ezembe, Philémon Blake Ondoua, Elise Kameni et Eric Ebode, tous habitués des caméras. Toutes ces captures rentrent dans le scénario écrit par Francine Kemegni, pour sa série intitulée Notre mouton bien aimé». La réalisatrice camerounaise revient signer sa première série aux colorations féministes. Pas surprenant pour qui connait son dernier long métrage Dans l’ombre d’une autre en compétition aux festivals Ecrans noirs, Vues d’Afrique et Fespaco 2009. Elle y peint déjà l’infidélité masculine très souvent ignorée par nos traditions. Une fois de plus, l’infidélité nourrit l’inspiration de cette série. Je suis une femme révoltée par l’infidélité masculine qui est presque légitimé, entrainant l’exploitation de la femme», assumet-elle pour évoquer ses motivations. L’intrigue essaye de tenir la société en éveil, sur le fait que l’acte sexuel n’est pas un geste gratuit, anodin. La réalisatrice dénonce en même temps les femmes cupides qui affectionnent la facilité. Faisant de nombreuses victimes chez les hommes. Notre mouton bien aimé porte donc l’âme de deux frères qui partagent non seulement l’héritage mais aussi l’infidélité de leur géniteur. Entre un aîné infidèle bien inséré dans le monde du business, et un cadet marginal qui finit par se livrer à l’exploitation de jeunes filles, les développements sont tout trouvés. Une dizaine d’intrigues secondaires viennent nourrir la principale avec des révélations aussi cocasses les unes des autres. L’élément révélateur ? C’est la transformation de l’un des personnages principaux en mouton d’où le titre. Pascal veut épouser une deuxième femme sans l’accord de son épouse. Elle sollicite l’aide du marabout pour rendre son mari docile. La potion transformera finalement ce dernier en mouton. Il est donc question, de façon générale, de gérer l’absence subite de ce personnage», dévoile la réalisatrice. C’est parti pour cinq semaines de tournage sur divers sites de la capitale camerounaise. M Casting Notre mouton bien aimé sollicite aussi bien les boîtes de nuit que les restaurants et salons de coiffure en passant par des églises, des domiciles et autres espaces ouverts. Ce qui fait perdre le sommeil à l’équipe de production. Francine s’est lâchée dans son scénario, refusant de restreindre les mouvements de ses protagonistes. Maintenant les décors nous posent un énorme problème, réalise-t-elle. Les gens devraient comprendre que céder un espace pour le tournage d’un film est un grand soutien pour notre cinéma. Ils pensent peut-être que les grandes et jolies maisons qu’ils voient dans les films nigérians par exemple appartiennent aux producteurs ? Ici, dès que quelqu’un vous donne son salon, ou un autre coin de la maison, après deux heures de temps, il veut déjà changer d’avis quand il ne le change L’image du mois pas avant le début du tournage», regrette la réalisatrice. Une contrainte parmi tant d’autres. Qui ne freine pourtant pas l’engagement des comédiens. Ils sont une cinquantaine retenus dans un casting plus ou moins ciblé. Francine Kemegni a puisé dans la crue actuelle de comédiens au Cameroun. Elle reste cependant fidèle à Stéphane Tchonang qui tient le premier rôle dans Dans l’ombre d’une autre. Ici, il incarne Pascal, le frère aîné qu’on transformera en mouton. Alain Bomo Bomo, désormais casté dans la quasi-totalité des productions locales, est dans la peau de Patrick, le cadet voyou. Il intervient, en même temps qu’Axel Abessolo inspecteur Henry, Philémon Blake Ondoua Oncle de Pascal, Eric Ebode frère Evariste, Gabriel Fomogne dans Harraga, série de Serge Alain Noa actuellement diffusée sur TV5. La production ramène également certaines révélations pas suffisamment exploitées. Notamment Tatiana Matip -révélée dans Confidences de Cyrile Masso- qui incarne Sylvie, la copine de Patrick ; Carine Ezembe joue Pasteure Pauline ; Blanche Bana rentre dans la peau de Patricia, ou encore, Carine Tchewong meilleure interprétation féminine au festival Mis me Binga 2013 vient en réplique à son mari Pascal. La bonne brochette de comédiens donne, jusque-là, satisfaction à la réalisatrice. Ils devront matérialiser une histoire qui se démembre en 13 épisodes de 26 minutes chacun. C’est pour la première saison. Nous voulons au final en faire 50. Mais il faut d’abord produire certains épisodes pour pouvoir avoir les fonds de TV5. Ce dernier compte également diffuser la série, ainsi que CFI», confie Francine. Le montage quand à lui se fera dans une cellule de postproduction co-ouverte à Montréal. Une bouchée de pain En bonne fonceuse, la jeune femme a réussi à s’entourer d’une équipe technique jeune mais rompue à la tâche. Dans un environnement où plusieurs réseaux se sont créés et les gens y sont beaucoup plus pour le gagne-pain que pour travailler». Pour mieux porter ce projet qu’elle reconnît lourd, Francine a trouvé judicieux d’associer Prince Dubois Onana à la réalisation. J’ai voulu en même temps avoir le regard masculin pour aborder ce sujet impliquant profondément les deux genres», ajoute-t-elle. Autour de ce noyau, gravitent Honoré Tadaa et Patricia Mbida, premier et deuxième assistants. Christian Kengne est à la prise de vue et Hubert Donkam gère le son. L’éclairage porte la signature de Patrick Touko, tandis que Jeanne Ngo Ndabnyemb, maquilleuse très sollicitée, s’occupe également des costumes. Une équipe qui, selon la réalisatrice, a accepté travailler pour une bouchée de pain. Des productions douloureuses, Francine en a l’habitude. Elle a surtout appris à ne plus attendre indéfiniment les potentiels financements pour projets cinématographiques. Je ne perds plus trop de temps à réfléchir. Je veux faire un film, je vois ce dont je dispose comme sous et je fonce. Surtout que l’Institut Goethe, à travers l’Adamic Association des dames de l’image du Cameroun ndlr, m’a doté de son unité de production», dit-elle confiante. Une attitude qui lui proscrit de s’attarder sur les difficultés. C’est dans ce même état d’esprit qu’elle revient tourner au Cameroun, après s’être immigrée au Canada il y a deux ans. Je crois qu’on a toujours envie de venir faire des choses chez soi. Il est également temps que les séries camerounaises soient bien présentes sur TV5 par exemple», souhaite cette membre de l’Adamic. Après de nombreuses collaborations sur les plateaux de tournage, Francine Kemegni réalise son premier court métrage Stop control Sida en 1998. Dix ans plus tard, elle signe Sur les crânes de mes ancêtres. Un documentaire de 56 minutes qui plonge le spectateur au cœur des rites des morts en pays Bamiléké, à l’Ouest du Cameroun. Pélagie Ng’oNaNa Lutte contre la tricherie © DR mosAïques Les étudiants ont coutume de dire que l'homme n'est rien sans son bord ; façon de justifier la tricherie. Les autorités, de leur côté, ne cessent de chercher les moyens d'arrêter le phénomène. ici, dans cette salle du campus a de l'université de Dschang, les étudiants doivent chaque jour méditer cette plaque qui leur rétorque, Tu peux être un homme sans ton bord». MKn 12 sPécial Dak’arT Editorial enracinement L a 11è édition de la Biennale d’art africain contemporain, Dak’art, a fermé ses portes le 8 juin. Après un mois intense d’activités. Où les expositions se le disputaient aux réflexions autour des concepts curatoriaux ainsi que de la critique et du marché des arts. Pour ceux qui ont eu le bonheur de séjourner dans la capitale sénégalaise ce mois durant, ce fût sans doute un bonheur d’être ainsi au cœur de l’expression artistique telle qu’on peut la voir actuellement sur le continent. Car pour l’occasion, l’Etat sénégalais n’a pas lésiné sur les moyens, permettant à tout le continent d’être présent à cette grand’messe des arts. Entre ces activités multiples, ce qui nous a semblé, à nos deux envoyés spéciaux surtout, à inscrire dans la mémoire collective c’est cet effort salutaire de rapatrier au bercail des œuvres qui avaient élu domicile dans les musées européens le temps du festival celles de Moustapha Dimé, Iba Ndiaye et Ousmane Sow. On imagine quelles difficultés ont été surmontées pour mener à bien les tractations et le transport dans de bonnes conditions de l’ensemble. Ces œuvres et d’autres ont été exposé dans le In et le Off dans l’esprit de ce produire le commun» que le comité d’organisation a trouvé pour être le slogan de cette édition. Hormis les couacs des premiers jours, qui ont notamment mis à mal les visiteurs avec ces travaux qui se poursuivaient au village du festival le jour même de son ouverture, nos envoyés spéciaux nous ont signifié que la première semaine a tenu ses promesses. Surtout pour ce qui est de la participation des acteurs de la filière et du public. Un public gâté par une diversité d’expositions encadré par des repères comme les hommages Mbaye Diop, Mamadou Diakhaté et Dimé, l’exposition internationale pour les artistes africains et de la diaspora, l’expo des artistes invités du monde entier, l’expo de la sculpture africaine, le Dak’art campus. Et ce sans oublier la vie au village du festival avec les animations conséquentes. Cette édition aura été aussi, comme vous le verrez dans ce spécial, un temps d’arrêt sur les concepts d’art africain contemporain et d’art contemporain africain. Question centrale en ce pays où le premier président énonça un jour que le véritable art est enracinement et déracinement. Enracinement au plus profond de la terre natale dans son héritage spirituel. Mais déracinement ouverture à la pluie et au soleil, aux apports fécondants des civilisations étrangères». Préoccupation loin d’être terminée et que l’International Biennal Association dont on a entendu parler à Dakar et qui sera portée sur les fonts baptismaux en juillet prochain à Berlin en marge de la biennale éponyme prolongera à coup sûr. Tout comme les prochaines éditions du Dak’art. Dans les quatre pages qui suivent, nous avons opté de partager nos avis sur les œuvres que nous avons pu visiter au cours des cinq jours qu’aura duré le séjour de nos envoyés spéciaux. Critiques qui ont essayé d’épouser le large spectre des œuvres présentées autant par leurs origines que les lieux où elles étaient exposées. Avec en bonne place évidemment deux de nos trois ambassadeurs du Cameroun Justine Gaga qui y a raflé un prix et Serge Olivier Fokoua. 2014 mosAïques Olu Amoda ou la métaphore de Sunflower D eux jours après la remise des récompenses, il n’était toujours pas évident d’arracher un entretien express avec le Nigérian Olu Amoda, Grand prix ex-aequo du Dak’art 2014. Cet après-midi du 11 mai, il a fallu s’armer d’une bonne dose de patience. Apres trois quarts d’heure d’attente, Olu, très avenant et dans une attitude simple et flegmatique va nous accorder une dizaine de minutes d’échange. Il a le propos explicite dans cette conversation où tous les deux nous passons indifféremment de l’anglais au français pour dire le juste mot sur son œuvre Sunflower’ qui reçoit interminablement les flashes des caméras. La sculpture qu’il présente dans le cadre de l’exposition internationale est inspirée de la fleur tournesol. La ceinture d’acier de 25 cm de diamètre fait allusion à un toit en forme de dôme. C’est ici que prend véritablement sens la pertinence visuelle et conceptuelle de la sculpture, la technique et la portée du sujet qui le soustend. En effet, cette œuvre se donne à comprendre comme un abri, un refuge mais aussi comme un bouclier. Plus qu’une fleur, il pourrait s’agir effectivement d’une habitation et en extension d’un pays. L’assemblage de clous peints en jaune dans la partie centrale de la sculpture renverrait au rôle de fixation d’une structure, mais fait aussi penser à la floraison des pétales et étamines, en d’autres termes à la population, à la richesse du pays. Malheureusement, la force d’endurance des clous est encerclée par une zone sombre constituée de cuillères. Symboles de la corruption, du mal, de l’anthropophagie sociale conduite par les classes dominantes, politiciennes. Dès lors le champ social devient le théâtre des tensions dans la mise en opposition de la multiplicité des éléments Houda Ghorbel m’enfin parle… ! L e thème religieux a inspiré bon nombre d’artistes présents à la Biennale. La Tunisienne Houda Ghorbel dans son traitement du sujet a choisi de transporter l’interrogation sur l’acte de foi -qui essaime en dérives- dans le champ de la parole de vérité. Plus qu’une invite, l’installation de la diplômée en arts plastiques est ressentie comme une sympathique convocation, un défi au courage lancé à notre manifestation croyante à se remplir du dialogue avec l’autre, dans tous nos états d’humain ontologique. Dire à travers l’élan de l’occupation de l’espace, le fonds de nos pulsions et pulsations et nos logiques de projection vers autrui, vu sous les œillets de l’enfer ou du paradis. Houda traverse l’objet artistique pour représenter et sacraliser la richesse qu’est la parole dans ce multiple des dieux et des religions, qui prolifèrent dans le contre-champ des valeurs tels que la vie. L’œuvre se met donc en attente d’écoute, elle se veut réceptacle du trouble existentiel. Houda n’a pas trouvé mieux dans cette aspiration à être, à comprendre, que la force symbolique et la poésie d’un Je t’écoute…!» comme titre, pour donner sens à son œuvre dans sa relation avec nos appropriations et représentations sur Dieu du mouvement religieux. L’approche de mise en interaction œuvre-public est d’autant plus interpellatrice que l’installation étonne et subjugue par sa construction d’une belle simplicité. Au niveau du sol Je t’écoute» est écrit à la craie en rond, en plusieurs langues. Le premier cube en verre qui repose sur le sol appelle à la transparence tandis que le - nº 042 - Juin 2014 aux connotations différentes. Artiste au parcours international riche, Amoda avait été présent à la 6e édition. La 11e Biennale lui a attribué la plus prestigieuse des couronnes du continent en matière d’arts plastiques. Distinction qu’il partage avec l’Algérien Driss Ouadahi. Oui, le grand prix m’a surpris mais je ne suis pas venu en compétition, le plus important est de participer sur la même plateforme avec les autres artistes», s’est ainsi exprimé Amoda. Muraliste, sculpteur, concepteur de meuble et artiste multimédia, travaille et vit au Nigeria. Sa carrière internationale est marquée par d’importantes expositions à la Galerie Skoto et au Musée d’art et de design de New York, etc. Il a été retenu dans le cadre de l’exposition itinérante Out of The Ordinary organisé par le Victoria Museum de Londres. Au regard de son expérience et de ses travaux, l’art et son message comptent parmi ses valeurs. MartiN aNguissa second cube noir au-dessus, vraisemblablement la Kaaba, place notre foi, dénude notre conscience devant le sanctuaire. En s’approchant de l’œuvre, un détecteur de présence s’allume. Alors la version sonore de Je t’écoute» se fait entendre à répétition. Une autre façon de dire m’enfin parle ! Parle dans le secret de la bonté du Toutpuissant, parle dans la beauté transcendantale, parle au nom œcuménique de la vie. Chuchote, murmure en confession ou à pleine voix ta vocation humaine au monde. Au cours d’une rencontre avec la presse organisée par le directeur du centre Soleil d’Afrique pour présenter Houda qui a reçu le prix centre Soleil d’Afrique de la Biennale, l’artiste a exprimé sa satisfaction d’avoir été élue parmi tant d’autres artistes. Elle a également manifesté son empressement à se rendre au Mali pour y partager son expérience avec les jeunes artistes. Les colonnes d’explosion de Justine Gaga A vec l’installation Indignation» passée presqu’inaperçue au Salon urbain de Douala de 2013, Justine Gaga, sélectionnée dans le cadre de l’exposition internationale, a frappé un grand coup pendant cette 11e biennale d’art contemporain africain, en remportant le Prix du ministère de la Culture et du Patrimoine du Sénégal. Autrement dit le deuxième prix dans l’échelle de grandeur. Ce matin du 9 mai, dans le Grand Théâtre national qui abrite la cérémonie d’ouverture et de remise des prix, la désignation de Justine Gaga a spontanément levé la petite délégation d’artistes et de journalistes camerounais, qui ne se sont pas privés de pousser la voix dans cette auguste et magnifique enceinte pour saluer la victoire d’une compatriote. Justine dont nous avions partagé la proximité et la générosité pendant notre séjour dakarois nous a apparu toujours préoccupée par la qualité et la visibilité de son travail, désolée de ne pouvoir avoir du temps pour visiter le foisonnement des expos. Mais au village du festival, les 17 colonnes de pièces de bombonnes de gaz impressionnent, s’im- posent aux yeux. Elles bouleversent les gouts figés par leur hauteur variable et leur disposition scénographique. Chaque colonne véhicule une source d’indignation de l’artiste dans son vécu et interrogation de la société. Fondamentalisme, népotisme, privatisation, corruption, racisme, agence de notation, violence, sexisme, déchets toxiques, mondialisation, entre autres, sont les causes des déflagrations et autres implosions sociales. Dans sa force d’interpellation des consciences, Gaga aurait bien voulu installer les 19 colonnes qui structurent originellement son œuvre, parce que dans ce jeu d’addition de 1+9=10 et 1+0=1, rappeler aux producteurs des maux que tous nous sommes finalement un dans la barque qui chavire. Dans sa démarche artistique, Justine adopte également une posture d’alerte. Sur les têtes» des colonnes sont inscrits des motifs de danger. A titre d’exemple, la verticale corruption» affiche un symbole rond barré d’une ligne horizontale pour signifier la limite qu’il ne faut pas franchir. Le souffle et l’intelligence des matériaux bigarrés d’Indignation n’ont pas échappé au quotidien de La biennale. L’installation sculpturale a occupé la Une de Dak’art actu, N° 03 du dimanche 11 mai, avec en grand titre Le Métal vivant». Les colonnes de bombonnes de gaz sont une transposition ou alors une adaptation métallique d’une forme, d’un personnage d’ombre, anonyme, qui est devenu l’empreinte de l’artiste camerounaise. La forme érectile de la silhouette, terminée par un court segment presque arrondi, ressemble dans un autre plan de lecture à un phallus. De-là devrons-nous en faire un rapprochement juste, déduire que Gaga attribue au système mâle gouvernant notre malêtre dans un monde malade. La démocratie du ventre d’ Olivier Fokoua S ’il vous plait c’est votre œuvre ? Non, c’est l’œuvre du Camerounais Olivier Fokoua. Maintes fois, nous nous sommes vu obliger de répondre aux questions des visiteurs, le temps de notre présence à l’emplacement d’Emprise», pendant que Fokoua, l’auteur, répondait aux questions de la presse française et algérienne. Création in situ au village de la biennale ou a lieu l’exposition internationale, inspirée du système de pouvoir en pays bamiléké au Cameroun, Emprise» c’est la représentation d’un chef entouré de ses neufs notables matérialisés par des colonnes recouvertes de toile de jute, ligotées au fil bleu. Ces personnages lugubres aux têtes de marmites et aux yeux lumineux pourraient également être un président de la république et ses membres du gouvernement. Emprise», créée en 2009, interroge l’usage du pouvoir en Afrique et particulièrement dans son pays si l’on s’en tient au double triangle. Celui de l’extérieur plus grand délimitant le territoire mais aussi étalant grand nombre de prétendants, et le second, plus petit, signifiant le cœur du pays et l’étroitesse du pouvoir, qui n’accepte qu’un seul chef. Lui-même pris dans l’étau de ses courtisans qui ne demandent qu’à occuper sa place. Tous se livrent à un jeu d’hypocrisie mais seule compte la politique du ventre et la résidence au sommet de la pyramide. En effet, conscient que cette idée ne s’applique pas uniquement aux hautes sphères de l’État, Fokoua a fait le choix de personnifier et de dépersonnifier les personnages de son installation avec des colonnes anthropomorphes recouvertes de toile de jute, de sorte que le visiteur peut aisément prendre la place de l’une de ces poupées », précise la note de présentation de l’œuvre. Olivier Fokoua est né à Douala. Peu connu du grand public camerounais, il mène à l’international une carrière prometteuse. Artiste performeur et installateur, il a participé à de nombreuses expositions au Cameroun, au Nigéria, en Afrique du Sud, en Allemagne, au Japon, au Canada. Il organise depuis 2008 à Yaoundé, la biennale Ravy Rencontres d’arts visuels de Yaoundé. mosAïques - nº 042 - Juin 2014 sPécial Dak’arT La femme, sujet plastique In et Off ont donné à voir la représentation de la femme par les artistes sous diverses lignes de créativité, entre opposition et complémentarité conceptuelle voire idéologique. ’hommage à la femme est apparu globalement comme un devoir de mémoire, rappelant l’engagement de certaines figures féminines dans la production de l’Histoire. Dans ce registre, l’artiste sénégalais Amary Sobel Diop a choisi de fixer les portraits L de Tawakal Karman, Aline Sitoe Diatta, Ellen Johnson Sirleaf, Leamah Roberta Gb Owu et Rigoberta Menchu dans la mémoire collective. Ces références féminines de l’Apologie pour la paix, sont reproduites au moyen d’assemblage, de couture au fil de fer et de gravure sur tôle d’aluminium issues des sprays déodorants. Sur les contours de chaque personnage est gravé un résumé de sa biographie. Dans la même approche, l’installation The Three Graces» de la Nigériane Marcia Kure donne en exemple d’héroïsme, les amazones du Dahomey, Ndlorukaji Nandi KeBede Langeni et Femilayo Anikulapo-Kuti. A travers celles-ci, l’artiste projette dans l’actualité l’autorité féminine, la puissance et l’influence des femmes africaines. Dans cette œuvre de Marcia Kure, aucune forme réaliste de femme. Seuls ses accessoires et autres attributs imaginés renvoient à l’univers de la femme. En rupture d’avec la femme de pouvoir, dans The End of Eating Everything» vidéo, 8’, 2013 de Wangechi Mutu, la femme est plutôt une créature horrible sous la forme d’une planète malade. Son voyage perdu dans l’espace et sa voracité omnivore vont provoquer son autodestruction. Une vidéo qui a choqué et consterné plus d’un téléspectateur. En transposant ainsi l’image de la femme dans une perspective d’outrage à la féminité, Mutu a voulu sans doute remettre au gout du jour la femme comme mère de l’humanité et donc attirer l’attention sur notre planète assujettie à l’industrie de la consommation et de la pollu- 2014 13 tion. Dans cette optique de l’usage de la femme comme medium de la critique sociale, notamment du regard sur elle-même, Patricia Kaersenhout et Jeannette Ehlers ne manquent pas de poser le problème de la migration raciale ou tout simplement de couleur de la peau chez la gent féminine. The Image Of Me» vidéo, 2012 montre deux portraits de femmes, une Blanche et une Noire. Progressivement, par spasmes du visage, elles changent de couleur de peau, la Blanche au noir et la Noire au blanc pendant qu’une voix off récite le poème Lord Why Did You Make Me Black ?» de la poétesse afro-américaine RutNett Nia Ebo. Cette œuvre avait déjà été présentée en 2012 au Black Magic Woman Festival placé sous le thème Be You». Afrikadaa croise les deux Congo La nouvelle scène artistique d’Algérie L B orsque nous arrivons à plus de 22 heures à la Biscuiterie de la Medina le 10 mai pour visiter d’autres expos du Off, le site constitué de grands hangars est plongé dans une forte ambiance de fête. Au moins quatre stations de Dj pour donner de la place au son et à la danse intramuros et extramuros. Cependant que les lieux d’expos continuent à accueillir les visiteurs. Dans l’un des hangars, les Ateliers SAHM présentent Congo s esthétiques en partage au-delà des géographies», sous la direction artistique de Bill Kouélany. Une preuve généreuse de collaboration de 16 jeunes artistes talentueux, originaires de la RDC et du Congo, unis par un fleuve et l’art, un fleuve de créations pour ne pas en dire plus. Heureuse surprise. L’artiste Mvoutoukoulou que nous avions déjà rencontré en résidence à Bonendalé à Douala il y a à peu près deux ans est bien présent. Il nous facilitera le tour des œuvres et la présentation des autres artistes ayant effectué le déplacement du Dak’art. Les propositions de Van Andrea Congo Brazza, née en 1992 attirent notre sensibilité. Ses peintures Le Coup de la vie’ encre sur papier et acrylique sur toile et sa sculpture Le Combat’ condensent le figthing spirit des boxeurs. L’artiste puise dans l’arène sportive le plein de mental et un caractère bien trempé, pour affronter les adversités de la vie, échec interdit. Dans la même veine de l’accroche, on pourrait également dire un grand bien des travaux d’Ange Swana Le Penchant’ et de Doctrovée Basimba Merveille’ et Eclats de vie’. Avec ce que nous avons vu, il y a lieu de saluer l’action des Ateliers SAHM dans la formation et l’éclosion des talents africains. Après les Congos, nous nous dirigerons vers un autre hangar. Ici, la revue numérique franco-sénégalaise Afrikadaa organise le vernissage de son Acte éditorial live». Co-directrice de publication, la Camerounaise Pascale Obolo est bien heureuse de rencontrer d’autres compatriotes. L’accueil jovial de notre hôte va aussitôt laisser place à la présentation de la revue, de l’exposition Afrikadaa Street Publication. Celle-ci est matérialisée sur les murs de la salle et en d’autres espaces publics par un affichage des contenus de la revue. Une façon pour les concepteurs du projet éditorial de dialoguer avec le public dans un espace d’art, mais aussi de l’impliquer dans la production rédactionnelle de la revue. Outre cette campagne de visibilité, les responsables de Afrikadaa ont organisé deux journées d’étude pendant lesquelles historiens de l’art, éditeurs, rédacteurs, critiques d’art, artistes et directeurs de publication ont planché sur la problématique Mémoire du futur. Les nouvelles pratiques éditoriales. Revues d’art et publications africaines, afro-américaines et caribéennes.» Lorsque nous quittions la Biscuiterie aux environs de deux heures du matin, les visiteurs affluaient toujours, au nom des expos et pour le grand bien des fêtards. La sculpturothèque de Moustapha Dimé J e ne rêve que de lumière». Depuis Dakar jusqu'à mon retour à Yaoundé, cette phrase magique et pleine de philosophie n’a pas cessé de résonner en mon for intérieur. Elle s’est postée en moi comme un phare. Je me surprends dans la rédaction de cet article à engager émotionnellement mon je». 17, avenue Hassan II, Plateau. La Galerie nationale des arts qui ne désemplit pas en cet après-midi du dimanche 11 mai, accueille l’exposition hommage à Moustapha Dimé. Que je découvre sur le tard en cette occasion, toute ma honte bue de journaliste d’arts visuels. Je me demande alors sur le coup combien de grands artistes africains de renom suis-je passé historiquement et professionnellement à côté. Il y a encore du travail et du chemin à faire, me suis-je dis. La fille de Moustapha devrais-je dire l’une de ses enfants ? me remet l’ouvrage publié à l’occasion du retour des œuvres de son père au Sénégal et de cette expo sur son œuvre. Le tour des œuvres à peine commencé, je suis impressionné par la qualité de la mise en valeur scénographique des sculptures par Gabriel Kemzo Malou et Fodé Camara. La collection d’œuvres présentée dévoile un travail de sélection difficile mais passionnant effectué par le commissaire d’expo Yacouba Konaté. Le fonds de collection de Moustapha qui sert d’expo a été acheminé à Dakar depuis la France où il était conservé à l’Apt par la Fondation Blachère depuis 2008, peu après un court transit en dépôt la même année à la Villette à Paris. Le contact avec le legs de Moustapha révise mon background, une correction intellectuelle et esthétique va s’opérer sur la sculpture africaine contemporaine en particulier. Suis-je encore simplement en sculpture ? Les œuvres que je visite m’entrainent dans le contraire de la complexité des formes et du langage, qui chez bon nombre d’artistes est l’averse de la beauté, de la technique et du message. Les pièces vues renseignent sur un travail dont la créativité s’enracine dans les profondeurs de la poésie, de la douceur, de la souplesse. Mais Les coupables de Pascal Hachem P ourquoi aller chercher plus loin que l’immédiateté et la quotidienneté du flux social et politique qui nous pollue, intransigeant, la vie ; nous détourne de nos trajectoires initiales. Pascal Hachem n’a pas fait fausse piste, à son tour, de faire du détournement des objets usuels de la vie de tous les jours, un objectif de redéfinition de la nature et de la destination des matériaux qui structurent ses travaux. Durant l’expo de la Diversité culturelle, ses deux installations ont frappé les esprits en donnant une autre grille de lecture bouleversante et imprévisible de la politique internationale à partir de la banalité apparente de ses objets qu’il place en contexte et en situation de création. Un petit gallon brillant avec sa forte teinte d’or. Le trou de son entonnoir est fermé par une chaussure basse noire cirée, pour homme. Put Your Foot In Your mouth, 2014, 35x40x20 cm» traduirait le champ de bataille sans merci du contrôle des ressources minières. Sur cet échiquier intra et supranational où il n’y a pas d’amis mais des intérêts et sa cohorte d’avilissement des peuples et des individus, de destruction des Etats, l’artiste libanais dévoile les figures. elle initiative que celle prise par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel AARC de mettre en première ligne la génération montante de la scène artistique d’Algérie. Le Pavillon algérien, placé sous le haut patronage du président de la république Abdelaziz Bouteflika, a de ce fait réuni 15 artistes pour donner à l’expo La nouvelle scène artistique algérienne’ de quoi satisfaire la curiosité des visiteurs. Nés entre 1976 et 1989, les 10 hommes et cinq femmes ont en commun d’être le produit des écoles de Beaux-arts ou des métiers artistiques connexes. Ils ont acquis une certaine maturité au fil de nombreux expos et workshops en Algérie et à l’étranger. Certains ont d’ailleurs été révélés par les expositions Picturie générale I» en 2013 et Picturie générale II» en 2014 à Alger. Les œuvres d’installation, photographie, peinture, sculpture, vidéo et performance présentées à la Place du souvenir, charriaient en quelque sorte le pouls du terroir. Cet Esprit Algérie» qui fait corps avec différents registres de styles, et des spécificités esthétiques résultant de la personnalité de chaque artiste. Sur ces théâtres plastiques aux multiples actes, Walide Aidoud, à travers son Graphiquement Correct’, livre des portraits d’hommes transfigurés, à la teneur visuelle des zombies ou des figures d’un thriller. Dans cette catégorie de la verve dénonciatrice par l’esthétique du drame, on peut y loger les peintures Sans Titre’ de Maya Ben Chikh El Fougoun, l’installation des trois sculptures Le Penseur’, Papa et Moi’ de Hicham Belhamiti, et Brulure au cœur’, vidéo de la performance de Adel Bentounsi, la série de photographies Cli d’Alger’ de Fatima Chafaa. Il en est de même de Qui ment qui ?’, l’installation de Rafik Khacheba, le triptyque Dust Warhol’ de Mourad Khrina et Dhu Nun’ de Mehdi Djelil. L’étreinte passive ou volontaire de l’artiste avec les flux du monde extérieur peut cependant produire d’autres scènes. Celles de l’éloge à l’émotion épicurienne, jouissive. Dans cette mouvance, In Ball We Trust’ de Walid Bouchouchi nous met face à un enfant en extase devant un ballon de football, un sport mué en un véritable mouvement social d’union des peuples. Tandis que la suspicion ou alors la suggestion de l’impudicité des photographies des jambes d’une femme en différentes postures que sert Nabila Kalache, narre notre voyeurisme, notre attrait des délices de la chair. Autre scène, enfin, celle de la chronique, de l’archivage et de la mémoire sociale. Ici font belle œuvre Youcef Krache Vitrines’, série de 12 photographies, Meriem Touimer Reflets’, série de huit photographies, Sofiane Zouggar et son Sans Titre’, les acryliques sur toile Duo et Trio’ de Fella TamzaliTahari et dans une certaine mesure Khatar !’ de Zineddine Bessai. elles transpirent aussi le caractère de tranchée de la quotidienneté de nos représentations et vécus individuels et collectifs. L’œuvre parle de l’artiste, de l’homme. Un noble de la sculpture. Un parcours à arpenter les dédales de l’être humain, à quêter l’âme en gésine, à décloisonner l’amour, à grandir la spiritualité, à cerner les contours de l’identité. Ceci avec pour seule arme le bois, son emblème. D’où il sort ses personnages, ses multiples sujets et une autre essence de la vie. La parole et la forme sculpturale ont chez le maître de l’épure la même force, la même brûlure de la forge, le même dessein du monde. Elles sont le duo de la complétude de l’existence. A cet effet, observons le jeu et la rigueur des vides et des pleins dans Femme Nue’ 1991, bois, corde, métal, 287x48cm et Femme Calebasse’ 1992, bois, métal, fer, 117x132cm , quand la sculpture est danse et mouvement avec les trois, puis les deux élégances f iliformes dans Danse Contemporaine’ 1995, bois, métal, clous, fil de fer, 240x120cm et Danse’ 1995, bois, fer, fil de fer, 185x93,5cm ; plaisons-nous sur la géométrie et l’équilibre de la structure de Lances Croisées’ 1993, bois, métal, 154x153cm . On pourrait longuement admi- rer la prestance ébène de Sans Titre’ 1990, ébène, 73x50cm, et écrire envieusement une romance sur Les Amoureux’ 1992, bois, 63x26 cm en s’inspirant de l’épaisseur de la sensualité, la densité du désir, la profondeur intime des regards et cette bouche si proche d’une bouche. Je sors difficilement de Moustapha. Je suis autant retourné d’être passé à côté de son antre de Gorée, où il avait installé son atelier dans un petit fort face à la mer et face au monde. Gorée que j’ai pourtant visité, je dirais entièrement, en me contentant brièvement de lire au loin Moustapha Dimé, atelier», l’installation de Mauro Petroni pour l’enfant de Louga, village où il vit le jour en 1952 et s’initia au travail du bois. Trente ans plus tard, c’est la consécration avec ce Premier prix ex-aequo de la biennale des arts de Dakar. Moustapha, une œuvre de parole et des formes. Le 30 juin 1998 à Saint-Louis, la bibliothèque quitte la terre de ses aïeux, en laissant aux gouts des yeux une savante sculpturothèque. Outre Moustapha, une expo hommage à Mbaye Diop et Mamadou Diakhaté a eu lieu le lundi 12 mai à la Place du Souvenir. A cet effet, l’œuvre & Co» est un box de 36 compartiments dans lesquels sont rangées 36 boites d’allumettes à moitié ouvertes. Le fond de chaque boîte présente un portrait d’un chef d’Etat ou d’une personnalité célèbre. On peut ainsi identifier Ben Laden, Moubarack, Poutine, Khadafi, Ben Ali, Saddam Hussein, Obama, Sarkozy, le président du Soudan du Sud, l’Emir du Qatar, le roi d’Arabie Saoudite, etc. Ces grands de la nébuleuse, des situations de rente de la géopolitique et des relations internationales sont captées index pointées, une attitude directive et menaçante, souveraine mais aussi d’autoglorification. La miniaturisation de ces personnages au fond des boites d’allumettes ferait croire que l’artiste a cartographié les sources du feu qui embrase cer- taines parties du monde. On pourrait ainsi établir une relation entre le craquement d’une buchette d’allumette depuis & Co» pour faire exploser les bouteilles de gaz d’Indignation» de Justine Gaga dans une Afrique bien inflammable. Pascal Hachem est né en 1979 au Liban. Il est diplômé de Design spatial de l’université SaintEsprit de Kaslik. Il a déjà présenté ses installations et performances dans plusieurs expos individuelles et collectives au Liban et à l’étranger. A l’une de ses dernières expos en 2013, il avait présenté à la Federica Schiavo Gallery Rome, Italie You Always Want What The Oders Has» et à la Workshop Gallery Beyrouth, Liban, Crisis Practice». 14 sPécial Dak’arT 2014 mosAïques - nº 042 - Juin 2014 Abstractions Légitimes», la touche de Royal Air Maroc Hani Zurob met son fils en avant E E n réunissant 14 artistes dans une même intention de territorialité artistique à l’échelle panafricaine, les commissaires Moustapha Romli et Michele Desmottes ont certainement atteint leur objectif de projeter sur la scène internationale les regards de l’Afrique sur le bouillonnement du monde à travers l’exposition Abstractions Légitimes», organisée par la compagnie aérienne Royal Air Maroc RAM, transporteur officiel de Dak’art 2014. Abstractions Légitimes» s’est posée en ligne de fond des propositions de nouveaux imaginaires comme un contre-courant à l’art africain et à son discours cloisonnés dans la symbolique et le signe immuables de la tradition ancestrale. A la charmante Place du Souvenir, Malika Agueznay Dalila Alaoui Maroc, Barkinado Bocoum Sénégal, Soly Cisse Sénégal, Saidou Dicko Burkina Faso, Pelagie Gbaguidi Sénégal, Ahmed Hajoubi Maroc, Mouna Jemal Tunisie, Said Messari Maroc, El Houssaine Mimouni Maroc,Aimé Mpane RDC, Ingrid Mwangi Robert Hutter Kenya, Khadija Tnana Maroc, William Adjete Wilson Togo-Benin ont donné loisir au public d’appréhender la corporalité artistique des thématiques tels que le rapport de l’homme à l’univers et à son histoire, le devoir de mémoire, la coercition sociale, l’espace identitaire de la femme dans la société, les défis de la mondialisation. Le sujet qu’il soit sculptural, photographique, pictural, installatif ou vidéographique traduit l’espace-temps du trouble de création chez l’artiste. Ce trouble de création chez Khadjida Tnana, par exemple, est la transgression de la morale musulmane sur la sexualité féminine. En effet, dans son contexte religieux, elle met en scène un couple mixte Noir et Blanche en pleine copulation. Elle aurait bien voulu montrer la kamasutra maghrébine en hommage au grand savant du 11e siècle, Mohammed Nefezaoui. C’est de son Iphone que nous regarderons les dessins érotiques inscrits sur 365 mains représentant autant de nuits d’amour dans l’année. Ingrid Mwamgi R. Hutter, quant à elle, s’offusque de la coercition du voile. Signe religieux d’une légèreté, d’aucune protection pour la femme sans résistance aux pénétrations, déchirures et sutures de son être. Aux abords de l’identité et de l’intégrité de la femme, Aimé Mpane illustre l’embuscade du trou, du fossé pour se désoler de la démocratie selon le temps de chacun et de personne. En affirmant sa présence à la Biennale et sa contribution à la visibilité de l’art africain, il s’est agi pour la RAM de légitimer une identité africaine dans le langage universel en perpétuel contact avec les autres cultures. De Tanger au Cap et au Caire, grâce eux [artistes], se construit une voix, d’œuvre en œuvre, qui nous ressemble et qui nous assemble, qui est à la fois l’expression de notre identité et la part de nous-mêmes dans la voix du Monde», a fait savoir Driss Benhima, le Pdg de la RAM. ntre la multitude d’œuvres de l’expo Diversité culturelle, lorsque les portraits Waiting 3, 11, acrylique et pigments, 2013 d’un garçonnet captivent notre attention, nous ne soupçonnons pas le psychodrame personnel que l’auteur Hani Zurob porte en lui ; et qu’il trimbale d’expo en expo, devenue une catharsis. Dans Waiting 3’, le petit Qoudi, corps en oblique, est assis sur un tabouret, un pied replié sur la surface de l’objet, l’autre pendant. Les mains en appui sur les rebords du tabouret, tête retournée, il regarde derrière lui. Au bas d’un mur qui le domine, l’absorbe, indifférent à la pesanteur qui l’écrase, il a un regard d’attente, de guet, d’inquiétude. L’acuité de la direction décrit une atmosphère d’un enfant sur le qui-vive. La trajectoire du regard se perd au loin, audelà des frontières picturales. Comme pour dire que c’est de l’autre côté, hors de la toile, que les choses se passent. Dans Waiting 11’, Qoudi dégage plutôt une expressivité d’envol, de liberté, de conquête, d’occupation de l’espace, lui qu’on voit porté sur le toit d’une maison, bras ouverts. Entre espace dominant puis conquis, entre attitude d’attente puis de liberté, Zurob caractérise chez l’enfant le besoin de son père. En effet, les peintures relatent l’histoire de cet enfant séparé de son géniteur, qui ne peut l’accompagner à Jérusalem chaque fois qu’il s’y rend avec sa mère. Son père a le malheur d’être Palestinien, de Gaza. Lieu de résidence et Mbaye Babacar Diouf, mémoire et richesse des signes P nationalités. Les deux œuvres du jeune artiste sénégalais– il est né en 1983 - impriment une force d’expression des lignes, empreinte de spiritualité, puisée aux sources de la lecture du signe et de l’écriture, lieu-mémoire de la condition humaine, de la transpiration de l’humanité dans la marche du temps. C’est peut-être pour des raisons de scénographie ou de faire Zulu Mbaye Je suis un nègre du 21è siècle Le plasticien sénégalais explique son rapport à l’art contemporain africain tout en jetant un regard critique sur la Biennale de Dakar. Quelle définition donnez-vous à la notion d’art contemporain africain ? L’art contemporain africain est cet art que l’on montre sans doute à la Biennale de Dakar. Un art teinté d’autres canons esthétiques qui ne sont pas les nôtres. A ne pas confondre avec l’art africain contemporain qui est plutôt la démarche que les artistes africains ont suivi jusqu’aujourd’hui. Je veux parler de l’art né en Afrique et qui y a grandi jusqu’à maintenant. L’art contemporain pour sa part étant l’art que l’on fait aujourd’hui sur notre continent et qui n’a pas forcément un soubassement africain. Cette nuance-là est infime mais importante dans la mesure où elle à la base même de l’identité de l’artiste. Ce qui m’amène à vous demander l’identité même du plasticien contemporain aujourd’hui. Vous êtes à Dakar, Sumégné à Yaoundé, Toguo à Paris, Dimé à Berlin quand il n’est pas en Chine… qui est donc artiste africain contemporain ? Est-ce une identité qui s’origine dans la géographie ou le style ? Le problème de la nationalité, de l’appartenance à un continent c’est le facteur géographique. Pour situer Zoulou, on va dire que c’est un Africain et non un Chinois ou un Européen ; c’est uniquement cela. L’art a la même signification chez tous les peuples du monde. L’art c’est cette étincelle divine que les Dieux pour nous croyants ou la nature pour les païens a mis en nous. Je ne me revendique pas artiste sénégalais, mais un artiste africain. Parce que l’Afrique est une addition de cultures. Fondamentalement, l’artiste est celui-là à qui Dieu a donné un médium par lequel il crée. Il peut être musicien, comédien, danseur ou autre. Maintenant, là où l’appellation va avoir son importance c’est que nous sommes tous porteurs de messages, de signes et de symboles qui font notre culture, ce qui nous différencie les uns des autres. Pourquoi Dieu a fait les cinq doigts de la main comme les cinq continents ? C’est une diversité qui est belle. Pour moi, faire une œuvre universelle c’est travailler avec son background culturel et historique pour atteindre l’autre. C’est-à-dire ce que tu fais en tant qu’humain et qu’un autre humain hors de ton environnement peut comprendre. Votre réponse m’amène à cette fameuse question de la sélection des artistes de la Biennale. En tant que membre du comité d’orientation et je l’ai déjà dit et peser l’image et son discours que Diouf a mis en rapport des formats d’inégale dimension, mais aussi en opposition de ton. Si Méditation sur l’humanité 200 x 150 cm est très vive par la variété des tons et imposante par son envergure, Signes et symboles, de format moyen 80 x 60 cm, attire le visiteur sur une surface picturale visuellement beaucoup plus simple, même écrit, si ça continue comme cela, il vaut mieux tout arrêter. Nous sommes aujourd’hui à la 11è édition et je pose la question de l’apport de cet événement à l’art africain. Nous nous retrouvons tous les deux ans au mois de mai, nous buvons, dansons et chantons. Et après, on proclame qu’on a réussi, mais de quelle réussite s’agit-il ? Que voyiez-vous alors en dehors de ce que la Biennale offre ? D’autres formules existent pardi ! Je propose par exemple une foire internationale dans un texte que j’ai publié. L’essentiel c’est, me semble-t-il, de nous faire comprendre des autres. Je pense que si nous n’entrons pas dans le circuit des autres, celui de la vulgarisation de l’art, et dont le premier aspect est son marché ; si les galeristes d’autres pays ne nous acceptent pas, on peut s’organiser autrement. Pensezvous que l’un des pays les plus pauvres au monde a le droit d’organiser une grande foire tous les deux ans rien que pour le prestige ? Moi je dis non, parce que ce sont les deniers du peuple sénégalais. On n’a pas le droit de jouer avec. Il faut © DR our sa première participation au In du Dak’art, Mbaye Babacar Diouf a choisi d’offrir aux regards des visiteurs l’humanité en interrogation à travers ses peintures Méditation sur l’humanité’ et Signes et symboles visibles’ au musée Théodore Monod, dans le cadre de l’exposition Diversité culturelle» qui réunit 33 artistes de différentes carte d’identité faisant foi. Dans son monde d’enfance, le petit garçon multiplie sa volonté et simule de conduire son père à Jérusalem en faisant usage de ses jouets voiture, mallette, vélo, avion, etc. Il va très tôt se rendre à l’évidence à son âge que la politique et les frontières ne sont pas un jeu…d’enfant. Mais le rêve et l’amour d’un enfant brisent les frontières et sont la plus belle des libertés. En mettant en scène son propre fils sur ses tableaux, Zurob traverse son déchirement intérieur. Politiquement engagé, l’artiste charge ses œuvres d’une forte dose de conviction et d’espérance. L’exil de l’artiste à Paris où il vit et travaille, l’interaction intelligente du fils avec ses jouets et l’espace des murs constituent les principales interrogations au cœur des travaux de Zurob, d’où il tire la semence des soleils d’autres lendemains. Zurob est le premier artiste palestinien à exposer au Dak’art. Né en 1976 dans le camp de réfugiés de Nafa en Palestine, il obtient un Fines Arts de l’université de Naplouse. Depuis 2001, il totalise plus de 50 expositions individuelles et collectives dans plusieurs grandes villes du monde Tokyo, Paris, Texas, Sans Francisco, New York, Dubaï, le Caire, Doha, etc. En 2008, il reçoit le grand prix international du salon d’art contemporain de Bourges. mais dense dans sa composition en noir et blanc. Nous sommes toujours avec les signes depuis la peinture rupestre jusqu’à l’écriture numérique. Je ne crée pas un langage pour déchiffrer, mais pour toucher autant de formes produites par les civilisations humaines, rappeler notre responsabilité individuelle face à l’humanité», explique Diouf, enseignant d’art, par ailleurs étudiant en Master en Art et Culture à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. que cet événement ait des apports économiques tangibles pour les artistes, sinon il n’a pas lieu d’être. Et n’oubliez pas que art et Etat ne font pas bon ménage. C’est pourquoi aujourd’hui les artistes ne sont pas écoutés dans le cadre de la biennale ; c’est l’Etat qui fait tout alors qu’il ne sait pas tout. Quand on est dans un pays pauvre comme ici, l’art est un extra. On va me rétorquer que l’art peut développer. C’est d’ailleurs le prétexte d’Abdou Diouf à l’époque pour donner le musée dynamique à la danseuse Germaine Accogny. Pour des raisons politiques donc. Avant l’arrivée de Diouf, il y avait plein de tableaux à la présidence qui ont disparu du jour où Senghor est parti ! C’est quand j’étais président de l’association des artistes sénégalais que recevant Diouf à la Galerie nationale, j’ai réclamé un nouveau village des arts qui se trouve maintenant sur la route de l’aéroport. Mon vœu le plus cher est qu’on implique les artistes dans les initiatives comme la Biennale. Il y a trois jours, j’ai été sidéré quand j’ai rencontré trois artistes venus du Congo pour étudier la manière d’organiser une Biennale, vu qu’ils préparent la leur là-bas ! Ce sont des artistes qu’on a envoyé en premier et non les fonctionnaires. Mais en tant qu’artiste et ancien responsable d’association d’artistes, n’avez-vous pas de griefs à l’encontre de vos pairs ? Je critique beaucoup mes confrères africains. Que les artistes sénégalais se démarquent par exemple de la Biennale ! A chaque fois, nous avons la portion congrue sur les artistes sélectionnés sur les 60 ou 70, nous en avons souvent deux ou trois ! Moi, je ne poserai jamais ma candidature à la Biennale ! Je dois cependant à la vérité de dire que je suis le père du Off. Quand j’ouvre le catalogue de cette année et vois qu’il y a 286 Off dans le pays, je suis l’homme le plus heureux de la Biennale. En 1996, j’avais mes quartiers pas loin d’ici et je gagnais très bien ma vie en tant qu’artiste. J’invitais des artistes du monde entier à mes frais. C’est l’année où l’Etat sénégalais a décidé que le Dak’art serait désormais africain. J’ai été invité par des collègues à travers le magazine 15 monde et la Biennale était la seule plateforme où je pouvais les inviter à mon tour. A la veille de l’événement, j’ai réalisé des affiches toutes blanches avec des cœurs rouges traversés d’une flèche que j’ai intitulé Amour interdit». On nous interdisait de faire l’amour avec d’autres collègues. Je savais par mes sources en haut lieu que c’est la France qui, parce qu’elle fournissait les deux tiers du budget, avait imposé cette orientation panafricaine du Dak’art à l’Etat sénégalais. Conséquence, les gens aujourd’hui fréquentent plus le Off que le In. © DR Comment entrevoyez-vous dans ces conditions l’avenir de l’art au Sénégal ? Très mal, parce qu’on est mal parti dès le début. Vous avez dû entendre souvent durant votre séjour ici qu’il n’y a pas d’artiste africain. Et moi je me demande ce qui fait tant peur dans cette terminologie ! Tahar Ben Jalloun dans son livre Moi le fou moi le sage» dit qu’autrefois, ce sont les étrangers qui nous déshabillaient. Aujourd’hui, c’est nous qui ôtons nos haillons et les jetons dans les fosses de la honte. Voilà ce qui arrive aux Africains. Avant, on avait nos vêtements, les colons sont venus nous déshabiller et nous ont imposé le costume-cravate sous le couvert de la civilisation. Aujourd’hui, ils nous laissent faire. Je ne vois pas de perspective dans la mesure où les gens refusent cette africanité qui est à la base de notre identité. Si la biennale est bien celle de l’art africain comme elle s’appelle, c’est bien qu’il doit y avoir des artistes africains. Il est temps de mon point de vue d’arrêter ce débat. Je ne comprends pas que onze mois durant, je m’échine dans mon atelier et que le 12è mois je fasse du conceptuel pour être à la Biennale. Tous ces artistes occidentaux qui viennent faire des performances ou des installations ont réglé depuis longtemps leurs problèmes sociaux. Leurs Etats les aident à vivre et ils peuvent donc se permettre des jobs, de se masturber comme ils le font là ! Moi je me pose la question tous les jours de savoir comment je vais parvenir à nourrir ma famille par mon travail. C’est pourquoi je critique cette démarche de l’art conceptuel dans laquelle je ne me reconnais pas au demeurant vu qu’elle ne cadre pas avec ma réalité. D’ailleurs, ils sont peintres pendant 11 mois et conceptualistes pendant un mois ! C’est comme avec les rastas ! Ils passent le temps à scander Africa», mais c’est du commerce, un produit commercial. Ils n’y croient pas du tout ! Je vais vous dire la plus grande déception de ma vie, je l’ai eu aux Antilles. Là-bas, il y a les toubabs qui ne veulent pas se mélanger avec les noirs, les Békés qui acceptent le mélange, puis les métis et après seulement les noirs. J’ai participé à une émission de radio pour m’entendre dire au téléphone par un auditeur sale négrier, rentre chez toi !» J’ai pleuré après l’émission en me disant que mais c’est pas moi le négrier ! mais on leur a dit que ce sont les noirs qui vendaient leurs frères et ils l’ont cru et nous en veulent à jamais. Pour finir, je dirais que nous devons apprendre que nous existons par nous-mêmes et que nous ne sommes pas le produit de quelqu’un. Ces Blancslà, ils veulent nous piétiner, nous écraser par tous les moyens pour imposer leur mondialisation qui n’est qu’un outil pour exploiter les autres. Je suis un nègre du 20è siècle bien assis sur ses racines et ouvert au monde. recueilli Par Parfait tabaPsi Le gay, un humain ordinaire ? a question de l’homosexualité a irradié, et on l’entendait quelque peu du fait de la présence du concept contemporain, cette 11è édition du Dak’art. Non seulement à travers la performance d’Ato Malinda au village, mais surtout à travers l’expo qui prit ses quartiers à la galerie Raw Material de la Camerounaise Koyo Kouoh au Point E. Une expo dont l’intitulé était sans ambages Imagerie précaire, Visibilité Gay en Afrique» et qui concernait photos, vidéos et installations de Kader Attia, Jim Chuchu, Andrew Esiebo, Amanda Kerdahi M. et Zanele Muholi. Le tout curaté par Malinda et Kouoh. L’une des questions principales de l’expo réside en l’identité du gay aujourd’hui sur le continent. Pour Esiebo, il n’y a guère de doute c’est de tout le monde qu’il s’agit ! Mieux, les photos montrent que ce sont des gens ordinaires qui appartiennent à toutes les classes sociales. On y voit ainsi pasteur, chômeur, commerçant, etc. Ses modèles ne sont ni joyeux ni tristes. Ils ont plutôt l’air grave comme s’ils étaient en proie à un danger invisible mais imminent. Cette angoisse existentielle est perceptible dans les regards et les attitudes souvent empruntés des modèles et qui semblent dire à l’encan qu’ils ne constituent point une menace. Attitudes qui amènent à se poser la question de la réalité même de ce danger-là et sa cause. Kerdahi pour sa part prolonge cette angoisse avec des modèles noyés dans la foule malgré L quelques identités remarquables chez nombre d’entre eux. C’est ainsi que l’on voit des gens qui chuchotent, se cachent derrière quelque bouclier, même de fortune. Jim Chuchu est plus direct ; il explore le côté bestial et fantasmé des homosexuels. Avec ses œuvres, l’on entre un peu dans le mysticisme que colporte cette notion parfois sur le continent. Pourquoi sont-ils souvent l’objet de diableries de la part de leurs contemporains, semble se demander l’artiste. De face comme de dos, les corps sont souillés, triturés, défigurés par les regards des autres qui sont forcément des diables, un enfer. Du coup l’on sent qu’ils brûlent d’être reconnus comme humains à part entière. Ce travail pose également la problématique de l’avenir à travers l’horizon tumultueux du fond des photos où la rédemption a été phagocytée par un mauvais temps qu’une lumière au fond pourrait conjurer. La série de portraits de zanele Muholi présente des gens bien en chair dont on perçoit assez facilement que la confiance en soi leur échappe. Ce qui interroge leur orientation sexuelle. Les regards sont révélateurs du mal être et d’une conjoncture dévastatrice pour les gays, lors même qu’ils sont plein de vie et jeunes pour la plupart. Regards de persécutés, de victimes proches d’une potence imaginaire donc. Kader Attia de son côté cherche le lien entre les transsexuels et le monde ; cela au moyen de l’architecture et de la sculpture. Suggère-t-il alors de voir les gays comme une partie normale du décor de la vie ? Question dont chacun peut apporter une réponse personnelle et qui finalement résume assez bien l’intention de cette expo. © DR - nº 042 - Juin 2014 Ebenezer Njoh Mouelle échange avec les élèves de l’Ouest Cameroun © DR mosAïques a Ebenezer Njoh Mouelle West’our», c’est le nom de baptême donné à la tournée philosophique du Pr Ebenezer Njoh Mouelle dans la région de l’ouest par la jeune Association pour la conservation et la diffusion du savoir ACDIS, organisatrice de l’évènement. Une jeune association créée en 2012 au lendemain du Forum des jeunes du Cameroun par le dynamique Félix Mbetbo Tatla, étudiant de l’Université protestante d’Afrique centrale UPAC, et qui a mis au cœur de ses objectifs la promotion du livre et de la lecture en milieu jeune. Avec pour slogan du livre pour vivre», car le vrai pouvoir qui est le savoir se trouve dans le livre». C’est ainsi que grâce à son programme INTELLIjeuneTSIA’ Intelligence jeune pour le travail, la solidarité et les initiatives africaines, elle a initié avec le soutien de son parrain Njoh Mouelle une tournée dite philosophique sur le triangle national. Tournée qui a débuté par la région de l’ouest. L’ouvrage De la médiocrité à l’excellence» de Njoh Mouellé inscrit au programme depuis des décennies, est un livre dont le titre seul réveille l’attention des jeunes. Si bien que ceux-ci s’en tiennent uniquement au titre de l’ouvrage, et pensent l’avoir lu. L’enjeu de cette rencontre a été de mettre en premier lieu l’auteur emblématique face aux jeunes de la région de L l’Ouest. Une véritable aubaine à quelques semaines du Baccalauréat. Cette rencontre a également permis à ces élèves d’être plus proches de l’auteur à travers les explications de ses concepts, de la structure du livre, de son contexte d’écriture.. Les élèves ont eu l’opportunité de poser toutes les questions qui leur taraudaient l’esprit en rapport aux notions de leur cours de philosophie, et sur la méthodologie des exercices philosophiques à l’auteur. Comme Albert Camus le disait, nous vivons solitaire et cela ne devrait pas nous empêcher d’être solidaire.» Ce que l’ACDIS a bien compris. Echanges Ce qui semblait être pour plusieurs élèves des lycées et collèges de la Menoua un rêve s’est vite transformé en réalité lorsque Njoh Mouelle, ancien député à l’assemblée nationale camerounaise, ancien directeur de l’Ecole normale supérieure de Yaoundé I, ancien ministre de la Communication AFC a foulé dès 14h le sol de la ville de Dschang, précisément de son Alliance franco-camerounaise le 30 avril 2014. Cette tournée qui commençait ainsi dans la ville de Dschang allait s’achever le 02 Mai à Bangangté en passant bien sûr par Bafoussam. Njoh Mouelle une fois à l’intérieur de la salle Manu Dibango de l’AFC de Dschang s’est retrouvé face à un public d’environ 450 personnes constitué en majorité des élèves des classes Terminales du département de la Menoua. Après le discours du président fondateur de l’ACDIS, Félix Mbetbo et la note de lecture d’Erick Dzoyem Kuété, étudiant à l’Institut des relations internationales du Cameroun IRIC, l’hôte de la cérémonie a pris la parole et n’a pas manqué dans son propos de remercier l’assistance pour tout l’intérêt à lui accordé. La phase d’échanges a été la plus importante de la soirée. Elle s’est avérée bénéfique pour les élèves qui, après lecture de l’ouvrage avaient encore des zones d’ombres. La cérémonie s’est achevée par une séance de dédicace des copies originales des ouvrages de l’invité. A Bafoussam, la fête du travail qui s’annonçait comme une entrave à la tenue de l’évènement, a plutôt été une aubaine pour beaucoup de travailleurs qui ont en cette journée quitté bars et restaurants pour venir s’abreuver à la source de l’excellence. C’est le lycée bilingue de Bafoussam qui a accueilli Njoh Mouelle, les membres de l’ACDIS qui l’accompagnaient et les 500 élèves représentants 14 établissements de la Mifi et des Bamboutos. Le programme étant le même dans les trois villes, le public venu plus nombreux s’est réjoui des 4h passées en présence du philosophe. Flore, élève en Tle A4 au lycée de Mbouda n’a pas caché ses sentiments à la fin de la cérémonie je suis vraiment très contente d’être là. Je ne regrette pas d’avoir effectué le déplacement de Mbouda pour Bafoussam. Le prof a répondu à plusieurs questions qui me taraudaient. Merci beaucoup à lui et aux jeunes de l’ACDIS qui nous donne ce qu’ils n’ont pas pu avoir quand ils étaient en Tle comme nous. » Bangangté était la dernière destination de cette tournée philosophique. Avec le même enthousiasme, les élèves du département du Ndé ont salué l’initiative et les sacrifices consenties par l’invité pour venir s’entretenir avec eux. La séance de dédicace a donné l’occasion à ses futurs bacheliers de se prendre en photo avec l’auteur. Le tourisme au rendez-vous ! La tournée a été une occasion en or pour les élèves, mais également une aubaine pour les membres de l’ACDIS. Ces derniers venus de Douala, Yaoundé et Dschang se sont, aussitôt la tournée achevée, lancés dans une phase de tourisme. C’est ainsi qu’ils visiteront tour à tour la fondation Gatcha à Bangoulap, la chefferie Bangoua et son musée culturel pour finir par la chefferie Batoufam. Ils ont été reçu à la chefferie Bangoua par le chef supérieur de la communauté Bangoua, qui n’a pas manqué de féliciter et d’encourager ces jeunes à poursuivre dans ce saint et noble combat qui constitue leur feuille de route. Avant donc le départ de Njoh Mouelle pour Yaoundé, les membres de l’ACDIS se sont félicités les uns les autres des sacrifices consentis tant sur le plan individuel que collectif pour réaliser ce coup de maitre dans une réunion d’évaluation présidée par le professeur en personne, parrain de leur association. Pari gagné, le rendezvous a été pris pour très bientôt pour une autre tournée philosophique et ce dans une autre région. fraNck keMayou Njekoua, etudiaNt, uNiversité de dschaNg Mosa 16 la Palabre La culture populaire en Afrique ontrairement à l’opposition de classes ouvrières et bourgeoises - ou encore de culture – du peuple et savante - observé en Occident, les prémices d’un débat sur la notion de culture populaire en Afrique ont porté sur la dialectique traditionnel/moderne. En effet, jusqu’à une époque encore récente, l’Africain, ainsi que ses pratiques artistiques et culturelles sous l’effet d’une vision dualiste quasi hégémonique, subissait une classification systématique entre modèle rural» et urbain» ou encore traditionnel» et modèle occidental», sans jamais pouvoir sortir de cette impasse. Ce dualisme, que Karin Barber 1997 1 traduit par les termes de traditional» and elite», ou encore de westernized» ou de modern», enfermait les pratiques artistiques africaines dans un carcan épistémologique impropre à l’appréhension de nouvelles formes moins classiques, donc moins facilement définissables. Ainsi, déplore Karin Barber, les études africanistes feraient constamment le va-et-vient entre le griot mandingue - le traditionnel - et l’œuvre de Wole Soyinka - l’art élitiste et de modèle occidental , sans jamais explorer au-delà de ces sentiers balisés depuis déjà plusieurs décennies. Karin Barber note en outre un usage récurrent de la tradition pour légitimer la culture moderne ; la première est délibérément rigidifiée, réduite au rang de culture originelle permettant d’authentifier, de garantir des racines à la seconde. Parallèlement, la tendance est de rejeter toute intrusion du moderne dans le traditionnel, ou même dans le populaire. Il en est ainsi, relève cet auteur, de la musique populaire, qui compte parmi les productions culturelles les plus étudiées en Afrique, les ethnomusicologues regrettant souvent avec âpreté que ces musiques puissent être ainsi contaminées par les musiques occidentales et leur attirail technologique ; tel s’avère être le cas de la World Music par exemple, sujette à caution jusqu’à aujourd’hui. En dehors de ces deux grandes tendances, point de salut, du moins jusqu’à assez récemment. Dès que nous nous trouvions en présence d’une pratique culturelle qui échappe à ce dualisme, l’intérêt qui lui était porté restait minime. Bien avant, Georges Balandier 1971, dès la deuxième moitié du 20ème siècle, avait déjà mis en exergue la nécessité de reconsidérer notre façon de concevoir les sociétés africaines, en faisant le deuil du tenace préjugé d’immuabilité» auquel elles étaient associées, dans le sillage de Marcel Griaule. Dans le renouvellement du regard porté sur les sociétés africaines que préconise cet auteur, traduit par le courant dynamique dont il est le principal théoricien, il en saisit avant tout les dynamiques endogènes et exogènes 1971, mais aussi, rediscute selon une méthode dialectique les rapports complexes qu’entretiennent les notions d’ordre et de désordre en sciences sociales. Les villes, - et notamment les villes africaines -, ne doivent plus être perçues exclusivement en termes de désorganisation ou de crises ; de même, il est réducteur de continuer à ne s’intéresser qu’à ses structures, en restant aveugle au foisonnement des créations interstitielles qui émergent, en échappant à celles-ci. Devant une telle constatation, Michel Agier 1999 fait sienne la remarque de Michel de Certeau, qui conseille au chercheur de se placer au plus près des pratiques microbiennes, singulières et plurielles» des citadins de © DR Par CHrisTian Zogo Secrétaire exécutif de Voiex Esthétiques C Le slameur Poverbes en spectacle à l'institut Goethe durant le festival "escales poétiques" en mars 2014. Certeau, 1980. En effet, Agier conteste la représentation de la ville comme totalité socio-spatiale, puisque la connaissance de celle-ci dans sa totalité reste inaccessible ; par conséquent, la meilleure approche consiste en l’étude ethnographique d’un milieu d’interconnaissance. Si tous les travaux des années 1960 et 1970 ne peuvent être réduits aux débats de l’école de la modernisation, il demeure que cette école constitue l’un des courants les plus influents de cette période. Dans les années 1980, la popularité croissante de l’idéologie néolibérale a provoqué une remise en question des paradigmes dominants alors étudiés en Afrique. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 80 début des années 90, que les jalons d’une anthropologie des cultures populaires en Afrique sont véritablement théorisés dans deux textes majeurs de Karin Barber 1987 ; 1997. D’une part, dans un article plus ancien intitulé Popular Arts in Africa», in The African Studies Review, paru en 1987, dans lequel Karin résume sa définition des arts populaires; d’autre part son introduction à Reading in Africa Popular Culture 1997, dans laquelle elle expose une approche théorique des textes qui lui sont proposés dans l’ouvrage, et qui s’inscrivent dans des contextes réels, empiriques et singuliers. Questionnements Dans le premier texte, Barber, à travers un modèle commun tripartite, définit les arts populaires en ces termes Popular art can be taken to mean the large class of new unofficial art forms which are syncretic, concerned with social change, and associated with masses. The centers of activity in this field are the cities, in their pivotal position between the rural hinterland on the one hand and the metropolitan countries on the other», Barber, 1987 23. Ce faisant, il le modèle conçoit la rencontre entre le traditionnel» et l’Élite européanisée», le point d’ancrage de ce qui est populaire» Le second texte cité, expose de façon synthétique les principaux questionnements nécessaires à l’élaboration des fondements de la discipline. En premier lieu, il s’agit pour Karin Barber, qui reprend en exergue une citation du philosophe ghanéen Kwame Anthony Appiah, qui s’intéresse à l’histoire culturelle africaine, de rétablir une certaine vérité en ce qui concerne la réalité quotidienne des sociétés africaines contemporaines. Certes, de profondes crises économiques, sociales et souvent même politiques les traversent de part en part, en les bouleversant de façon éprouvante, mais comme le remarque Appiah, … Despite the overwhelming reality of economic decline; despite unimaginable poverty; despite wars, malnutrition, disease and political instability, African cultural productivity grows apace popular literatures, oral narrative and poetry, dance, drama, music and visual art all thrive», Appiah, 1992 157. Cette créativité, d’une densité remarquable, donne une tout autre dimension à ces sociétés, y compris lorsque celles-ci sont rongées par des problèmes endémiques ou des crises successives. D’un point de vue anthropologique, le regard doit pouvoir se porter audelà, vers ces personnes en proie à de graves difficultés, mais qui pourtant parviennent à ne pas fonder leur existence exclusivement sur celles-ci ; l’essentiel est ailleurs, dans un désir vital de ressurgir sans cesse d’un contexte de vie hostile, d’exister envers et contre tout. Ce sont ces mêmes expressions, que l’on peut qualifier d’artistiques ou de culturelles, dont parlent Michel Agier et Alain Ricard dans Les arts de la rue dans les sociétés du Sud» 1997. Il semble hasardeux d’essayer d’en donner une définition exacte, tout au moins provisoirement, tellement ces pratiques recouvrent des formes variées, voire hétéroclites. Tandis que l’ouvrage de Ricard et Agier englobe des pratiques très larges, celui dirigé par Karin Barber se focalise délibérément sur l’écrit et l’oral, rassemblant toutes les formes de littérarité envisageables David Coplan signe une contribution sur les chansons de migrants au Lesotho, Waterman, Werner Graebner ou Alec Pongweni s’intéressent à la musique populaire, reconsidérée à chaque fois dans des contextes différents ; Andrew Horn s’intéresse au théâtre sud-africain, tandis que Bisi Adeleye-Fayemi étudie la télévision nigériane, ses fictions et ses représentations. Dans une perspective similaire, la recherche a montré que le nouvel ordre social émergeant a apporté des modifications importantes dans les différents statuts sociaux faisant que le griot accède aujourd’hui aux postes de responsabilités, ce dont il était exclu autrefois Diawarra, 2011. Les difficultés économiques récurrentes de l’Afrique contemporaine ont aussi favorisé l’expansion de pratiques relevant de stratégies de survie qui ont conduit à l’émergence d’un type nouveau de griots dit moderne» qui sont nombreux, surtout en ville Diawarra, 2003. Ainsi perçue, la notion de culture populaire» éclate en mille morceaux. Cette nouvelle énergie est insufflée par l’ouverture du champ d’étude à de nou- veaux contextes d’observation, grâce à l’intérêt désormais porté à des formes autrefois dédaignées. Depuis le début des années 2000, on note un intérêt de plus en plus croissant pour l'étude des formes de production culturelle émergentes telles que la musique contemporaine Hofmeyr, Nyairo, & Ogude 2003 ; Larkin 2004 ; White, 2006 ; 2008, les films vidéo Diawara, 2003, les magazines populaires Nuttall, 2003, l'habillement et la mode Dolby, 2001 ; Hansen, 2000; Escaut, 2003 ; Nuttall, 2004 ; télévision Barnett, 2004 ; Fair, 2003, zones urbaines et rurales de la culture Barber, 1997; Zeleza & Veney 2003, la peinture Jewsiewicki, 2003 ; Fabian, 1996, le théâtre Pype, 2007, la photographie Nimis, 2006, 2005, 1998 ; Werner, 1996, etc. Tous ces auteurs insistent sur l’intérêt de porter notre attention sur des pratiques performatives profondément ancrées dans leur contexte historique et social, dont elles sont souvent à la fois le témoignage, et l’un des vecteurs de transformation. Ces pratiques, qui peuvent se présenter sous des formes très diverses, reflètent l’environnement humain dans lequel elles ont émergé, et sont l’expression d’un discours porté sur la société par les personnes qui la composent. Constats Comme ailleurs dans le monde, il apparaît que la culture populaire en Afrique est de plus en plus entrelacée avec les espaces publics des nations. Par exemple, dans le contexte kinois, Bob White 2008 a analysé l'interaction entre la musique populaire et la politique sous le règne de Mobutu. Au Liberia, Rice 2005 a montré comment George Weah, un joueur de football de renommée mondiale a utilisé sa célébrité populaire comme ressource pour sa campagne électorale. La culture populaire est aussi une composante importante des imaginaires et des espaces transnationaux Appadurai, 1993 ; 1996, c’est-à-dire qu’elle se fond de plus en plus dans les espaces publics des États. Comme l'a démontré, par exemple Rob Nixon 1994, sur la relation entre les bourses d'études et les paysages médiatiques en Afrique du Sud et les États-Unis. De ces recherches et analyses qui se sont intensifiées en temps opportun et qui se poursuivent sur la culture populaire en Afrique, découlent plusieurs constats. En premier lieu, elles montrent que la culture populaire est comprise comme un espace de lutte, une place pour la négociation de la race, de la nation, de la citoyenneté, et de bien d’autres identités pour les enjeux de pouvoir en Afrique Mbembe, 2001, 2006 ; Fabian, 1998. À ce sujet, Stuart Hall écrit que la culture populaire est l'un des sites où cette lutte pour et contre une culture contre la puissance est engagée, elle est aussi l'arène de consentement et de résistance où réside l'enjeu d'être gagné ou perdu dans cette lutte. C'est en partie là où l'hégémonie se pose, et où il est garanti» 1981 239. Ainsi perçu, la culture populaire apparaît comme un site important du débat public et de l'individu et l'organisme communautaire. Des chercheurs tels que Stuart Hall 1973, Paul Willis 1990, et Cameron McCarthy 1998 ont soutenu que, les gens ne consomment pas de la culture populaire passivement. Bien au contraire, ils l'utilisent dans leur vie de façons créatrices, autant qu'un artiste utilise la peinture ou un musicien utilise les notes et accords à créer et à exprimer l'identité. Identité, à partir de ce point de vue, n'est pas un règlement, intemporel ou une entité fixe, mais plutôt, comme le soutient Dolby un processus constant de formation et de changement qui survient dans une matrice globale/locale, et qui est formé par deux et exprime les structures du pouvoir» Dolby, 200113. Mosaïques, parce que la culture est au fondement de toute action
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Des spots jaune et bleu s’agitent dans tous les sens. La tension monte. Dans la salle, les 28 000 fans commencent à crier. Soudain, des feux d’artifice jaillissent de la scène, illuminant sept hommes jeunes qui se mettent à danser. La foule était en délire ! C’était encore plus impressionnant que le concert de Madonna ! », se souvient la sociologue Sylvie Octobre. Chorégraphies, chants, costumes à paillettes, confettis et autres pyrotechnies. Nous sommes en 2018, à l’AccorHotels Arena de Paris. Les deux premiers concerts en France du groupe BTS se jouent à guichets fermés. Un an plus tard, à Cannes, Bong Joon-ho reçoit la Palme d’or pour son film Parasite. C’est la première fois qu’un Sud-Coréen remporte ce prix. Consécration quelques jours plus tard il repart avec quatre statuettes de la cérémonie des Oscars.
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Sondocumentaire choc «Génération Kalach : la face cachée des cités» sera diffusé mercredi 29 septembre 2021 sur RMC Story. Un individu cagoulé sort
Émissions Génération Kalach la face cachée des cités RMC STORY - 29 octobre 2021 Documentaire 1 h 30 min 2021 Jérôme Pierrat, journaliste d'investigation et spécialiste du crime organisé, s'est infiltré au coeur des quartiers sensibles marseillais où violences et trafics de drogues ne cessent d'augmenter depuis des décennies Prochaines diffusions - Génération Kalach la face cachée des cités Vendredi 29 Octobre - 15h00 Offre Canal+ Le Parisien VOD
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